La nutrition a pour but d’assurer les apports en énergie et en nutriments en fonction des besoins de l’espèce, du mode de vie et éventuellement des affections de l’animal. Elle contribue à la bonne santé et peut le cas échéant participer à la prise en charge de l’animal malade...
Malgré presque 10 000 ans de domestication, l’anatomie, la physiologie et le comportement du chat sont restés adaptés à un régime carnivore strict1.
Chez un carnivore strict tel que le chat, la consommation de produits animaux est absolument nécessaire pour couvrir certains besoins en nutriments essentiels : il est par exemple incapable de synthétiser la taurine et l’acide arachidonique en quantité suffisante ou de convertir le bêta-carotène en vitamine A12.
Les besoins nutritionnels du chat sont ainsi satisfaits par un régime carnivore strict et il est aujourd’hui bien établi que les régimes alimentaires riches en protéines et pauvres en glucides sont très bénéfiques à la santé des chats.
Un régime riche en protéines permet de maintenir un poids optimal et de conserver l’équilibre naturel entre la masse grasse et la masse maigre (muscle, organes…)3. L’obésité féline est associée à de nombreuses comorbidités : diabète, lipidose hépatique, arthrose, troubles cutanés, affections urinaires…4 Tout ce qui peut aider à maintenir les chats à leur poids optimal est donc bénéfique pour leur bien-être et leur santé.
En plus de limiter le risque d’obésité qui est un facteur de risque de troubles urinaires, un régime riche en protéines favorise l’abreuvement, et donc la dilution des urines, ce qui est particulièrement utile pour le chat qui est naturellement un petit buveur. Par ailleurs, les protéines ont l’effet bénéfique, surtout si elles sont d’origine animale, d’acidifier l’urine et par ce biais de créer un milieu défavorable à la formation de certains calculs urinaires ainsi qu’au développement bactérien5,6.
Les protéines représentent 95% de la structure des poils des chats et jusqu’à 25 à 30% des apports quotidiens en protéines sont consacrés au renouvellement de la peau et du pelage7. Un apport protéique conséquent permet ainsi d’assurer la beauté de la peau et du pelage et doit être d’autant plus important que l’animal a un poil dense ou long.
Lors d’affections telles que le diabète sucré ou des troubles digestifs chroniques, un régime riche en protéines et pauvre en glucides est fortement recommandé. D’une part, un tel régime a pour effet de mieux contrôler la glycémie et de restaurer la sensibilité des cellules à l’insuline qui fait le lit du diabète sucré8,9. D’autre part, le chat digère très bien les protéines et les graisses mais a une capacité plus limitée à digérer les glucides, d’autant plus en cas de trouble intestinal et/ou pancréatique10.
Risque d’intolérance digestive11, état pré-diabétique encouragé12, prise de poids facilitée1 : toutes ces conséquences négatives d'un régime alimentaire riche en glucides pour les chats sont maintenant bien identifiées. Limiter la part de l’amidon dans son alimentation est globalement favorable à sa santé.
Les carnivores sont physiologiquement bien adaptés à consommer des quantités importantes de protéines. Pourtant, des craintes à propos du rôle délétère éventuel des protéines sur la fonction rénale sont encore souvent exprimées. Cette « peur » des protéines repose sur l’interprétation erronée d’études anciennes et sur des extrapolations abusives.
Non seulement des teneurs élevées en protéines ne sont pas dangereuses, mais elles sont indispensables et profitables à la santé du chat, tout au long de sa vie13.
Par contre, un excès de phosphore peut aggraver le dysfonctionnement rénal chez des chats atteints de maladie rénale et il peut même altérer la fonction rénale chez des chats en bonne santé14. Cela nécessite de veiller à une très bonne qualité de protéines, le taux de phosphore variant en fonction de cette qualité.
Références
1. Zoran (2002) The carnivore connection to nutrition in cats. J Am Vet Med Assoc 221 : 1559-1567.
2. McDonalds et al (1984) Nutrition of the domestic cat, a mammalian carnivore. Ann Rev Nutr 4 : 521-562.
3. Laflamme & Hannah (2005) Increased dietary protein promotes fat loss and reduces loss of lean body mass during weight loss in cats. Intern J Appl Res Vet Med 3 : 62-68.
4. Sandoe et al. (2014) Canine and feline obesity : a One Health perspective. Vet Rec 175(24) : 610-616
5. Funaba et al (1996) Effects of a high-protein diet on mineral metabolism and struvite activity product in clinically normal cats. Am J Vet Res 57 : 1726-1732.
6. Kaul et al (2020) Recurrence rate and long-term course of cats with feline lower urinary tract disease. J Feline Med Surg 22(6) : 544–556.
7. Roudebush & Schoenherr (2010) Skin and hair disorders. In: Small Animal Clinical Nutrition : 637-643.
8. ISFM Consensus guidelines on the practical management of diabetes mellitus in cats (2015). J Fel Med Surg 17 : 235-250.
9. Hoenig et al (2007) Insulin sensitivity, fat distribution, and adipocytokine response to different diets in lean and obese cats before and after weight loss. Am J Physiol Regul Integr Comp Physiol 292 : R227-R234.
10. Leriche et al (2017) Assessment of a new high protein - low carbohydrate - high fat diet in cats with chronic gastrointestinal disease. J Vet Med Surg 1 : 1.
11. Kienzle et al (1994) Effect of carbohydrates on digestion in the cat. J Nutr 124 : 2568S-2571S.
12. Farrow et al (2004) The effect of high protein, high fat or high carbohydrate diets on postprandial glucose and insulin concentrations in normal cats. Proceedings of Australian College of Veterinary Scientists 4.
13. Laflamme et al (2018) Effect of diet on loss and preservation of lean body mass in aging dogs and cats. Companion Animal Nutrition Summit, Charleston, South Carolina : 41-46.
14. Dobenecker et al (2018) Effect of a high phosphorus diet on indicators of renal health in cats. J Feline Med Surg 20 : 339-343.