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Quelques clés à propos des besoins nutritionnels du chat

Dr Agnès Batard
DMV, Global medical manager Petfood, Virbac

Les besoins en macronutriments du chat.
Un besoin nutritionnel correspond à la quantité théorique qu’il faut apporter d’un nutriment pour couvrir la demande métabolique. C’est l’apport minimum que l’animal doit recevoir pour lui permettre de vivre sans que ses fonctions physiologiques ne soient perturbées. En formulant des recommandations nutritionnelles, le vétérinaire doit aussi prendre en compte la généralisation du surpoids dans l’espèce féline.

Dans la majorité des cas, l’alimentation des chats doit tenir compte du risque de surpoids.

La Fédération Européenne De l’Industrie des Aliments pour animaux Familiers (FEDIAF) édite régulièrement des recommandations d’apports nutritionnels pour les chats et les chatons1. La dernière actualisation date de 2019 et la version française de ce guide est disponible auprès de la Facco (la chambre syndicale des Fabricants d’Aliments pour Chiens, Chats et Oiseaux)2. Les recommandations s’appuient essentiellement sur la compilation d’études scientifiques présentées dans la dernière édition du National Research Council (NRC), un comité dépendant de l’Académie Nationale des Sciences aux Etats-Unis3. Les fabricants d’aliments s’appuient sur ces recommandations pour justifier leurs formules.


 

Recommandations d’apport énergétique

Les tableaux fournis par la Fediaf1 permettent de proposer de rationner un chat en fonction de son âge, de son niveau d’activité et de son statut sexuel.

La quantité de calories journalières à distribuer équivaudra par exemple à :

  • 100 kcal/kg PV0,67 pour un chat adulte svelte et actif, soit 52 à 75 kcal EM/kg pour un chat de 4 kg.
  • 75 kcal/kg PV0,67 pour un chat adulte vivant à l’intérieur et/ou stérilisé, soit 60 à 65 kcal/kg pour un chat de 4 kg.

Environ 85 % des chats sont stérilisés en France4 et c’est un facteur de risque majeur d’obésité chez le chat. C’est dès l’opération que le rationnement énergétique doit être mis en place ; un aliment de concentration énergétique adaptée aux nouveaux besoins du chat sera proposé pour éviter une restriction volumique trop importante.

 

Recommandations d’apport en protéines

Pour un chat adulte stérilisé (rationné sur la base de 75 kcal/kg0,67), la Fediaf recommande d’incorporer au moins 25 % de protéines dans la matière sèche (MS) de l’aliment (en supposant que celui-ci apporte en moyenne environ 400 kcal/100 g MS). Rapporté à l’énergie métabolisable (EM), cela équivaut à fournir 62,5 g de protéines /Mcal. Pour la croissance et la reproduction, un minimum de 28 à 30% de protéines /MS est recommandé par la Fediaf.

En pratique, les vétérinaires nutritionnistes préfèrent viser des valeurs supérieures car, plutôt que de simplement équilibrer la balance azotée, l’objectif est de préserver voire de développer la masse maigre. On est ainsi passé d’un minimum de 1,5 g de protéines par kg de poids optimal pour maintenir la balance azotée à 5,4 g de protéines/kg de poids optimal pour maintenir la masse maigre5. Pour un chat adulte stérilisé sédentaire, il faudrait par exemple fournir 108 g de protéines /Mcal EM6. Chez le chat en bonne santé, il n’a de toute façon jamais été établi de limite supérieure à ne pas dépasser pour l’incorporation de protéines.

Fournir un niveau de protéines important aux chats est particulièrement important lorsqu’ils doivent être soumis à une restriction calorique pour perdre du poids. En plus d'épargner la perte de masse maigre, un régime riche en protéines peut être bénéfique pour prévenir ou minimiser la baisse de la dépense énergétique induite par le régime. Cela a été bien montré dans une étude où 16 chats en surpoids ont été nourris soit avec un régime riche en protéines (HP : 54,2 % EM), soit avec un régime à teneur modérée en protéines (MP : 31,5 % l'EM). Rationnés sur la base de 70 % de leur besoin énergétique d'entretien pendant 8 semaines, les chats ont perdu du poids à un rythme similaire mais seuls les chats recevant le régime MP ont montré une baisse significative de leur dépense énergétique totale et au repos après retour à un poids corporel normal7. Une telle baisse du métabolisme favorise évidemment la reprise du poids perdu en cas de rationnement excessif par rapport aux nouveaux besoins énergétiques.

 

Recommandations d’apport en lipides

Les lipides (communément appelés graisses ou matières grasses) représentent une des trois grandes catégories de macronutriments, avec les protéines et les glucides.

Les lipides sont des sources d’énergie concentrées (1 g de lipides apporte 9 kcal d’EM vs 4 kcal pour les protéines ou les glucides). Un minimum de 9% de lipides sur MS est recommandé par la Fediaf mais, comme le chat les digère et les tolère très bien, un niveau de matières grasses plus élevé sera mieux approprié pour un chat mince et actif, en respectant le RCP recommandé plus haut.

Sur le plan qualitatif, il est indispensable d’apporter au moins 0,50 à 0,67% d’acide linoléique et 6 à 8 mg/100 g de MS d’acide arachidonique1 ;  ces deux acides gras oméga 6 ne peuvent pas être synthétisés par le chat et sont donc considérés comme des acides gras essentiels (AGE).

Un apport en acides gras oméga 3 est également nécessaire pour les chatons et les chattes reproductrices : un minimum de 0,02 % d’acide alpha-linolénique et 0,01% d’acides gras oméga 3 à longue chaîne (EPA/DHA) et recommandé1. Malgré l’évidence croissante des effets bénéfiques des acides gras oméga 3 chez les chats adultes, en particulier pour lutter contre la cystite idiopathique8, les informations actuelles sont insuffisantes pour recommander un niveau spécifique d'acides gras oméga 3 dans leur alimentation, en situation physiologique.

 

Limiter l’apport en glucides

Pour tenir compte de la sédentarité et/ou de la stérilisation chez le chat, la tendance est à diminuer la teneur en matières grasses, pour tenter de réduire l’ingéré calorique. Il ne faut cependant jamais oublier que la somme de tous les nutriments doit faire 100 et que la variable d’ajustement est alors représentée par la fraction glucidique de l’aliment, hors fibres alimentaires (les taux de cellulose brute et de matières minérales étant en général réduits). C’est ce qu’on appelle l’Extractif Non Azoté (ENA), principalement composé de glucides digestibles, soit l’amidon des céréales.

Ainsi, plus les taux de protéines et de matières grasses sont limités, plus la part de l’ENA est importante. Pourtant, quand on leur donne le choix, les chats optent spontanément pour un régime riche en protéines. Lorsqu’ils n’ont accès qu’à un aliment riche en glucides, ils plafonnent leur consommation glucidique à environ 20 % de leur apport énergétique, même si leur consommation protéique est insuffisante pour couvrir leurs besoins9.

Il est  intéressant de noter que les recommandations de la Fediaf ne comportent aucune référence aux glucides digestibles, laissant penser que ces derniers ne sont pas essentiels dans la nutrition des chats. En revanche, les nourrir avec des aliments riches en glucides et pauvres en protéines peut induire des effets négatifs.

 

Il est aujourd’hui bien établi que les régimes alimentaires de type « Low Carbohydrate High Protein » (LC-HP) sont très bénéfiques à la santé des chats et qu’ils aident à maintenir une condition corporelle optimale chez les chats menacés par l’excès de poids.

 

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Pourquoi le chat a-t-il des besoins nutritionnels plus exigeants que ceux du chien ? Quelle est l’influence de la stérilisation sur les recommandations alimentaires dans cette espèce ? Mise au point.

Un régime riche en protéines aide à optimiser la condition corporelle du chat

Maintenir un poids optimal et prendre en charge le surpoids grâce à un régime hyperprotéique
Dans les pays développés, environ 30% des chats seraient en surpoids (de 10 à 20% d’excès de poids) et 10% obèses (> 20% d’excès de poids)1; la prévalence de ce phénomène continue d’augmenter. L’obésité féline est favorisée par la stérilisation et a tendance à se développer très vite : le risque d’être en surpoids ou obèse à 2 ans est multiplié par 10,7 si c’est déjà le cas pour le chat à l’âge d’un an2.

Effets potentiellement négatifs d’un régime trop riche en amidon sur la santé du chat

Effets sur la digestion, la condition corporelle et la régulation de la glycémie.
Outre l’intérêt économique, l’incorporation d’amidon dans les aliments secs pour chats peut se justifier par un intérêt technologique : un minimum d’amidon est nécessaire pour obtenir l’expansion et la consistance adéquates d’une croquette. Si un plafonnement strict de son incorporation n’est pas réalisé, des conséquences négatives non négligeables peuvent cependant apparaître à différents niveaux.

Intérêt d’un régime riche en protéines pour la santé urinaire du chat

Un régime riche en protéines permet d’influencer l’abreuvement et le pH urinaire
L’obésité est un facteur de risque des obstructions urinaires chez les chats mâles castrés1 ; comme un régime riche en protéines aide à maintenir une condition corporelle optimale, il favorise aussi la prévention des urolithiases obstructives. La teneur en protéines du régime influence également l’abreuvement et le pH urinaire, deux éléments très liés à la santé urinaire.

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Références

1. www.fediaf.org/images/FEDIAF_Nutritional_Guidelines_2019_Update_030519.pdf

2. www.facco.fr/wp-content/uploads/2020/01/facco-guide-nutritionnel-fediaf-aliments-complets-chiens-chats.pdf

3. National Research Council, « Nutrient requirements of dogs and cats », 2006, Washington, DC : The National Academies Press.

4. Etude Kantar, Parc des animaux familiers 2018, Point Presse Facco, 17 juin 2019.

5. Laflamme D.P., Hannah S.S., « Discrepancy between use of lean body mass or nitrogen balance to determine protein requirements for adult cats », J. Feline Med. Surg., 2013, 15 : 691-697.
Synthèse de l'étude : Entretenir la masse maigre des chats exige plus de protéines que l’équilibre de la balance azotée
Viser seulement l’équilibre de la balance azotée est insuffisant pour couvrir le besoin protéique réel des chats.

6. Blanchard G., “Alimentation du chat, carnivore de compagnie”, PratiqueVet, 2015, 50 : 640-644

7. des Courtis X., et al., “Influence of dietary protein level on body composition and energy expenditure in calorically restricted overweight cats”, J. Anim. Physiol. Anim. Nutr. (Berl.), 2015, 99 : 474-482.
Synthèse de l'étude : Influence du niveau protéique sur la composition corporelle et la dépense énergétique des chats soumis à une restriction calorique
Un régime riche en protéines permet d’éviter la baisse du besoin énergétique consécutive à une restriction calorique temporaire.

8. Kruger J.M., et al., « Comparison of foods with differing nutritional profiles for long-term management of acute nonobstructive idiopathic cystitis in cats”, J. Am. Vet. Med. Assoc., 2015, 247 : 508-517.

9. Hewson-Hughes A.K., et al., « Geometric analysis of macronutrient selection in the adult domestic cat, Felis catus », J. Exp. Biol., 2011, 214 : 1039-1051.