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Temps de lecture : 4 minutes

Un régime riche en protéines aide à optimiser la condition corporelle du chat

Dr Agnès Batard
DMV, Global medical manager Petfood, Virbac

Maintenir un poids optimal et prendre en charge le surpoids grâce à un régime hyperprotéique
Dans les pays développés, environ 30% des chats seraient en surpoids (de 10 à 20% d’excès de poids) et 10% obèses (> 20% d’excès de poids)1; la prévalence de ce phénomène continue d’augmenter. L’obésité féline est favorisée par la stérilisation et a tendance à se développer très vite : le risque d’être en surpoids ou obèse à 2 ans est multiplié par 10,7 si c’est déjà le cas pour le chat à l’âge d’un an2.

L’obésité féline est associée à de nombreuses comorbidités : diabète, lipidose hépatique, arthrose, troubles cutanés, affections urinaires… Tout ce qui peut aider à maintenir les chats à leur poids optimal est donc bénéfique pour leur bien-être et leur santé.

Privilégier les protéines comme source d’énergie permet d’induire rapidement la satiété. D’autre part, le métabolisme des protéines accroît la dépense énergétique. Enfin, les protéines contribuent au développement de la masse maigre.


 

Les protéines encouragent la satiété

Pendant 6 semaines, des chats de poids normal et des chats obèses ont consommé trois régimes : riche en protéines, riche en matières grasses ou riche en glucides. Le premier a permis de réduire la prise alimentaire et de mieux prévenir la prise de poids4. Ce régime riche en protéines était associé au niveau d’amyline post-prandial le plus élevé (l’amyline est une hormone pancréatique inhibant la prise alimentaire).

Une étude a été réalisée sur des chattes gestantes et leurs chatons, jusqu’à l’âge de 9 mois5. Les animaux ont reçu un régime riche en protéines ou riche en glucides. A 8 mois, les chatons nourris avec le premier présentaient un taux supérieur de récepteurs à la leptine, inhibiteur de la prise alimentaire.

Certains acides aminés indispensables (lysine, phénylalanine, leucine) favorisent l’inhibition de la prise alimentaire quand ils sont consommés en excès par rapport aux besoins. Le tryptophane joue également un rôle important : il est un précurseur de la sérotonine, qui est un médiateur de la satiété6. Tous ces acides aminés sont beaucoup plus présents dans les sources de protéines animales que végétales.

 

La néoglucogenèse est coûteuse en énergie

L’amidon fournit directement du glucose alors que la néoglucogénèse, qui produit de l’énergie grâce aux acides aminés, consomme beaucoup de calories. A taux de matières grasses constant, le bilan énergétique net est donc plus faible lorsque le taux protéique augmente aux dépens du taux glucidique.

Lorsque des chats sont rationnés pour maintenir leur poids, la dépense énergétique des chats recevant un régime hyperprotéique est supérieure à celle de ceux recevant un aliment à teneur protéique modérée7. La même observation a été faite chez des chats castrés obèses nourris ad libitum pendant 8 mois avec un aliment riche ou pauvre en protéines (47 ou 27% EM)8.

Un haut niveau de protéines facilite le contrôle du poids même si les animaux surconsomment. Avec un aliment riche en protéines (52% EM) distribué ad libitum pendant 50 jours, des chats castrés ont ainsi pu consommer davantage sans prendre de poids, par rapport à un aliment ne contenant que 35% protéines EM9.

 

Les protéines favorisent la masse maigre

Dans un contexte de perte de poids, un taux élevé de protéines permet de minimiser ou d’empêcher la fonte musculaire pendant l’amaigrissement10,11. Une étude chez 16 chats en surpoids nourris soit avec un régime riche en protéines (54,2% EM), soit avec un régime à teneur modérée en protéines (31,5 EM), l’a bien montré. Rationnés sur la base de 70% de leur besoin énergétique d'entretien pendant 8 semaines, les chats ont perdu du poids à un rythme similaire mais seuls ceux qui consommaient le régime riche en protéines ont conservé leur masse maigre pendant la perte de poids12.

Un aliment riche en protéines présente le même intérêt chez le chat à l’entretien : développer la masse maigre est intéressant car les muscles réclament plus d’énergie pour s’entretenir que la masse grasse13. L’efficacité de cette stratégie nutritionnelle a été mise en évidence dans plusieurs études :

  • Chez des chats nourris pendant deux périodes de 6 mois en cross over, avec deux aliments différant par leurs taux protéiques (52,8 ou 29,7% sur brut), ceux recevant le plus de protéines ont conservé le même poids mais leur masse maigre a augmenté significativement, à ingéré calorique similaire14.
  • Chez des chats rationnés pendant 4 semaines puis nourris à volonté pendant 8 semaines avec  l’un ou l’autre de deux aliments (46 ou 21,5% de protéines sur brut), la masse maigre a eu tendance à augmenter avec l’aliment riche en protéines et à diminuer avec l’aliment plus pauvre en protéines15.

 

Les protéines limitent l’effet rebond

Un « effet rebond » est souvent constaté chez les animaux qui ont perdu du poids, lors du retour à l’alimentation habituelle. Un taux élevé de protéines peut permettre de limiter cet effet, comme l’a bien montré une étude sur des chats ayant perdu du poids grâce à deux aliments de teneurs protéiques différentes (ratio protido-calorique de 90 ou 119 g/Mcal)16. Les chats ont ensuite tous été nourris avec l’aliment le plus riche en protéines pendant 120 jours. Pendant les 40 premiers jours, la même quantité d’énergie a pu être consommée dans les deux groupes mais pendant les 40 jours suivants, le rationnement énergétique a pu augmenter plus rapidement chez les chats qui avaient maigri grâce à l’aliment riche en protéines. Pendant les 40 derniers jours, ces chats consommaient 15 % d’énergie en plus par rapport aux chats témoins.

Le contrôle du poids après une période d’amaigrissement est donc plus facile avec un aliment riche en protéines. Des mesures calorimétriques ont d’ailleurs révélé que la dépense énergétique totale et au repos diminuaient significativement pendant la perte de poids mais que chez les chats recevant un régime modéré en protéines (31,5% EM), cette réduction restait significative après normalisation du poids, ce qui n’était pas le cas chez les chats recevant un régime riche en protéines (54,2% EM)12.

 

Une alimentation riche en protéines aide  à garder les chats à leur poids de forme en accélérant l’installation de la satiété, en stimulant le métabolisme et en limitant les conséquences d’une surconsommation alimentaire. En outre, ce type de régime entretient voire développe la masse maigre, plus consommatrice d’énergie.

 

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Références

1. Lefebvre S., « Nutrition vétérinaire du chien et du chat : surpoids, obésité et arthrose », École thématique, 2020. hal-02454404.

2. Rowe E.C., et al., “Early-life risk factors identified for owner-reported feline overweight and obesity at around two years of age”, Prev. Vet. Med., 2017, 143 : 39-48

3. Louis-Sylvestre J., « Toutes les protéines ont-elles le même pouvoir satiétogène ? », Cah. Nutr. Diet , 2002, 37 : 5.

4. Martin L.J., et al., « Postprandial response of plasma insulin, amylin and acylated ghrelin to various test meals in lean and obese cats”, Br. J. Nutr., 2010, 103 : 1610-1619.

Syntèse de l'étude Variabilité des réponses hormonales postprandiales en fonction de l’aliment et de la condition corporelle du chat : Un régime riche en protéines entraîne une sécrétion postprandiale d'amyline plus élevée que les autres régimes, ce qui peut indiquer un effet des acides aminés sur la sécrétion des cellules bêta du pancréas.

5. Vester B.M., et al., “In utero and postnatal exposure to a high protein or high carbohydrate diet leads to differences in adipose tissue mRNA expression and blood metabolites in kittens”, Br. J. Nutr., 2009, 102 :1136-1144.

6. Backus R.C., “Management of satiety”, Waltham Focus, 2006, 16 : 27-32.

7. Hoenig M.,, et al., “Insulin sensitivity, fat distribution, and adipocytokine response to different diets in lean and obese cats before and after weight loss », Am. J. Physiol. Regul. Integr. Comp. Physiol., 2007, 292 : R227-R234.

8. Wei A., et al., “Influence of a high-protein diet on energy balance in obese cats allowed ad libitum access to food », J. Anim. Physiol. Anim. Nutr., 2011, 95 : 359-367.

9. Russell K., et al., “Net protein oxidation is adapted to dietary protein intake in domestic cats (felis silvestris catus)”, J. Nutr., 2002, 132 : 456-460.

10. Laflamme D.P., Hannah S.S., « Increased dietary protein promotes fat loss and reduces loss of lean body mass during weight loss in cats », Intern. J. Appl. Res. Vet. Med., 2005, 3 : 62-68.

11. Vasconcellos R.S., et al., “Protein intake during weight loss influences the energy required for weight loss and maintenance in cats”, J. Nutr., 2009, 139 : 855-860.

12. des Courtis X., et al., “Influence of dietary protein level on body composition and energy expenditure in calorically restricted overweight cats”, J. Anim. Physiol. Anim. Nutr. (Berl.), 2015, 99 : 474-482.

Synthèse de l'étude Influence de la teneur protéique sur la composition corporelle et la dépense énergétique de chats soumis à une restriction calorique : Un régime riche en protéines permet de maintenir la masse maigre et de limiter la baisse du besoin énergétique après l’amaigrissement.
 

13. Hannah S.S., “Role of dietary protein in weight management”, Comp. Cont. Educ. Pract. Vet., 1999, 21 : 32-33.

14. Nguyen P., et al., « High protein intake affects lean body mass but not energy expenditure in non obese neutered cats”, J. Nutr .2004, 1084S-2086S.

15. Coradini M., et al., « Effects of two commercially available feline diets on glucose and insulin concentrations, insulin sensitivity and energetic efficiency of weight gain », Br. J. Nutr., 2011, 106 : S64-S77.

16. Vasconcellos R.S., et al., “Protein intake during weight loss influences the energy required for weight loss and maintenance in cats”, J. Nutr., 2009, 139 : 855-860.