Il est important de tenter de prévenir les affections du bas appareil urinaire (ABAU) car ces affections sont très fréquentes ; suivant l’âge du chat, la prévalence serait de 4 % à 6 %2.
Une urine acide permet de prévenir la formation des calculs de struvite et parfois de dissoudre les calculs existants. Or un régime riche en protéines acidifie l’urine car le métabolisme des acides aminés soufrés conduit à l’élimination urinaire d’ions sulfates négatifs. Les protéines créent donc un environnement défavorable à la formation de cristaux ou calculs de struvite3,4.
Chez des chats sauvages se nourrissant exclusivement de petits mammifères, le pH urinaire moyen a été mesuré à 6,37 ± 0,07 chez les mâles et à 5,97 ± 0,10 chez les femelles5. L’effet acidifiant des protéines est moins marqué si les protéines consommées sont d’origine végétale, du fait de leur pauvreté en acides aminés acidifiants (acides aminés soufrés : cystéine et méthionine)6,7.
Outre leur effet acidifiant sur le pH urinaire, les protéines contribuent également à la prévention des urolithiases à struvite en limitant la présence des précurseurs de cristaux et en augmentant le volume urinaire3.
Les calculs d’oxalate de calcium sont impliqués dans environ 46 % des cas d’urolithiases félines et les récidives sont fréquentes8. Ces calculs sont aussi impliqués dans la majorité des urolithiases urétérales obstructives9.
Contrairement aux calculs de struvite, les calculs d’oxalate de calcium sont peu sensibles au pH urinaire. Pour lutter contre ce type d’urolithiase, la stratégie nutritionnelle consiste à stimuler la consommation d’eau du chat afin d’accroitre le volume urinaire, diluer l’urine et accélérer l’élimination. Un abreuvement limité conduit en effet à la production d’une urine concentrée, qui favorise la formation de cristaux urinaires et l’irritation de la muqueuse vésicale.
La distribution d’aliments humides ou l’augmentation du niveau de sodium de l’aliment peuvent permettre d’atteindre ces objectifs. Un taux de sodium de 1,5 % sur matière sèche (ou 3,75 g/1000 kcal)10 est en principe sans danger pour des chats en bonne santé mais l’influence du sodium sur des chats potentiellement insuffisants rénaux et/ou cardiaques fait toujours débat.
Chez le chat, il a été montré qu’à consommation alimentaire équivalente, la prise hydrique et la production d’urine augmentent avec le taux protéique du régime3,11. Les protéines organiques font en effet l’objet d’un renouvellement permanent et l’azote issu du catabolisme protéique est converti en urée pour être ensuite excrété dans l’urine ; or l’urée contribue à augmenter la pression osmotique de l’urine. Un apport élevé de protéines stimule donc la diurèse osmotique12.
Chez le chat, une infection du tractus urinaire serait présente dans plus de 10% des ABAU13,14. Un régime riche en protéines, grâce à l’acidification urinaire induite, participe à la prévention de ces infections urinaires.
D’après plusieurs études, la cystite idiopathique féline (CIF) compterait pour 54 à 69% des cas d’ABAU15 et lors de CIF, l’urine est souvent très concentrée16. Certains patients présentent aussi une protéinurie et une cristallurie. Dans ce contexte, augmenter la consommation protéique pour encourager l’abreuvement et la dilution urinaire est une mesure favorable à la prévention et à la prise en charge de la CIF.
En stimulant naturellement l’abreuvement, la diurèse et l’acidification urinaire, une alimentation riche en protéines et pauvres en glucides participe à la bonne santé du bas appareil urinaire.
Références
1. Jukes A., et al., « Associations between increased body condition score, bodyweight, age and breed with urethral obstruction in male castrated cats”, Vet. J. 2019, 244 : 7-12.
2. Longstagff L., et al., “Owner-reported lower urinary tract signs in a cohort of young cats”, J. Feline Med. Surg., 2017, 19 : 609-618.
3. Funaba M, et al, “Effects of a high-protein diet on mineral metabolism and struvite activity product in clinically normal cats”, Am. J. Vet. Res., 1996, 57 : 1726-1732.
4. Funaba M., et al, “ Effects of a high-protein diet versus dietary supplementation with ammonium chloride on struvite crystal formation in urine of clinically normal cats’, Am. J. Vet. Res., 2003, 64 : 1059-1064.
5. Cottam Y.H., et al., « Feline reference values for urine composition”, J. Nutr. 2002, 132 : 1754S-1756S.
6. Knight A., Leitsberger M, « Vegetarian versus meat-based diets for companion animals », Animals (Basel), 2016, 6 : 57.
7. Funaba M., et al., “Fish meal vs. corn gluten meal as a protein source for dry cat food ”, J. Vet. Med. Sci., 2001, 63 : 1355-1357
8. Albasan H., et al., “Rate and frequency of recurrence of uroliths after an initial ammonium urate, calcium oxalate, or struvite urolith in cats”, J. Am. Vet. Med. Assoc., 2009, 235 :1450-1455.
9. Zaid M.S., et al., « Feline ureteral strictures: 10 cases (2007–2009) », J. Vet. Intern. Med., 2011, 25 :222-229.
10. www.fediaf.org/images/FEDIAF_Nutritional_Guidelines_2019_Update_030519.pdf
11. Hashimoto M., et al., “Effect of chronic high protein intake on magnesium, calcim, and phosphorus balance in growing cats”, Exp. Anim., 1996, 45 : 63-70.
12. Themelin M., “Sodium, protein and water intake: risks factors or prevention of feline urolithiasis”, Thèse de Doctorat Vétérinaire, Alfort, 2007.
Synthèse de l'étude Sodium, protéine, abreuvement : facteurs de risque ou de prévention des urolithiases chez le chat : Les protéines participent à l’acidification urinaire et provoquent une diurèse osmotique.
13. Kaul E., et al., “Recurrence rate and long-term course of cats with feline lower urinary tract disease”, J. Feline Med. Surg., 2019 : 1098612X19862887.
14. Pyarungsri K., et al., “Prevalence and risk factors of feline lower urinary tract disease in Chiang Mai, Thailand”, Sci. Rep., 2020, 10 :196.
15. Lund H.S., et al., “ Risk factors for idiopathic cystitis in Norwegian cats : a matched case-control study”, J. Feline Med. Surg., 2016, 18 : 483-491.
16. Naarden B., et al., « The effect of a therapeutic urinary stress diet on the short‐term recurrence of feline idiopathic cystitis”, Vet. Med. Sci., 2020, 6 : 32-38.