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La nutrition des chiens

Dr Agnès Batard
DMV, Global medical manager Petfood, Virbac

La bonne santé des chiens est dépendante de leur alimentation, aussi bien pour le maintien de leur santé qu'en complément du traitement de leurs pathologies.

La nutrition a pour but d’assurer les apports en énergie et en nutriments en fonction des besoins de l’espèce, du mode de vie et éventuellement des affections de l’animal. Elle contribue à la bonne santé et peut le cas échéant participer à la prise en charge de l’animal malade...

 


 

Les chiens sont des carnivores opportunistes

La cohabitation avec l’homme depuis 15 000 à 30 000 ans a profondément influencé l’anatomie et la physiologie de l’espèce canine. Pourtant, sur un plan génétique, chiens et loups actuels se distinguent peu. Les chiens ont la capacité d’intégrer à leur alimentation de nombreux aliments ce qui les fait qualifier de carnivores opportunistes ; néanmoins, ce sont bel et bien des carnivores1.
Les besoins nutritionnels du chien sont ainsi satisfaits par un régime carnivore et il est aujourd’hui bien établi que les régimes alimentaires riches en protéines et pauvres en glucides sont très bénéfiques à la santé des chiens

 

Les intérêts d’un régime riche en protéines et pauvre en amidon

Un régime riche en protéines permet de maintenir un poids optimal et de conserver l’équilibre naturel entre la masse grasse et la masse maigre (muscle, organes…). L’obésité canine est une maladie qui, bien au-delà du problème esthétique, est associée à de nombreux problèmes de santé : affections ostéo-articulaires, métaboliques (diabète, hypothyroïdie, hyperlipidémie…), urinaires, cutanées, cardio_vasculaires et respiratoires, risques anesthésiques accrus, etc2.

Si le lien entre protéines et condition corporelle est relativement bien connu, il peut paraître plus étonnant de parler des protéines dans le cadre du maintien de la santé urinaire chez le chien. Pourtant, l’apport en protéines influence l’abreuvement3 et le pH urinaire4, deux éléments aux fortes implications sur la santé urinaire.
Les protéines représentent 95% de la structure des poils des chiens et jusqu’à 25 à 30% des apports quotidiens en protéines sont consacrés au renouvellement de la peau et du pelage5. Un apport protéique conséquent permet ainsi d’assurer la beauté de la peau et du pelage et doit être d’autant plus important que l’animal a un poil dense ou long.
Dans la plupart des cas, le diabète sucré canin est de type 1 : une déficience des cellules ß du pancréas entraîne secondairement un déficit en insuline. Il est préconisé que les glucides ne couvrent que 25 % du besoin énergétique pour aider à stabiliser la concentration sanguine en glucose chez le chien6.

La quantité et la qualité des protéines alimentaires sont à considérer en priorité pour préserver le système locomoteur, notamment pour maintenir le poids de l’animal7 à son niveau optimal et pour encourager le développement musculaire8.

Plusieurs études se sont intéressées à la tolérance digestive des chiens nourris avec des aliments riches en protéines et pauvres en glucides, en particulier chez les chiens de grandes races, figurant parmi les plus sensibles9,10.


Si un plafonnement strict de l’incorporation de l’amidon n’est pas réalisé, des conséquences négatives non négligeables peuvent apparaître à différents niveaux : prise de poids11 et hyperglycémie12 favorisées, perturbation de la digestion13...
 

Protéines et reins : qu’en penser ?

Les carnivores sont physiologiquement bien adaptés à consommer des quantités importantes de protéines. Pourtant, des craintes à propos du rôle délétère éventuel des protéines sur la fonction rénale sont encore souvent exprimées. Cette « peur » des protéines repose sur l’interprétation erronée d’études anciennes et sur des extrapolations abusives. 
Plusieurs études témoignent de la très bonne tolérance rénale des chiens sains à des niveaux élevés de protéines8, même chez des chiens senior.
Par contre, l’implication du phosphore dans la dégradation de la fonction rénale du chien est établie depuis de nombreuses années et il est démontré que la restriction alimentaire en phosphore permet de ralentir la progression de la maladie14 . Cela nécessite de veiller à une très bonne qualité de protéines, le taux de phosphore variant en fonction de cette qualité.
 

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Intérêt d'un régime riche en protéines pour les chiens

Intérêt d’un régime riche en protéines pour la peau et le pelage

Les protéines sont les principaux constituants de la peau et du pelage

Les protéines représentent 95 % de la structure des poils des chiens. La production annuelle de poils varie (selon la race) entre 60 et 180 g par kg de poids1, ce qui laisse présumer un très fort besoin protéique. De multiples troubles peuvent refléter un déficit en protéines : poils cassants, anomalies de l’épiderme, plus grande sensibilité aux infections, retard de cicatrisation…

Bonne tolérance digestive d’un régime riche en protéines

Les propriétaires sont attentifs aux caractéristiques des fèces de leurs chiens et dans ce contexte, la source, la quantité et la qualité des protéines jouent un rôle important. Plusieurs études se sont donc intéressées à la tolérance digestive des chiens nourris avec des aliments riches en protéines et pauvres en glucides, en particulier chez les chiens de grandes races, figurant parmi les plus sensibles.

Intérêt d’un régime riche en protéines pour la condition corporelle

Un régime hyperprotéique aide à maintenir un poids optimal et prendre en charge le surpoids

L’obésité est la maladie nutritionnelle la plus courante en médecine canine et féline. Sa prévalence est plus forte dans les sociétés occidentales et les pays industrialisés, où l’animal bénéficie d’un statut de « membre de la famille ». Interrogés en 2015 et 2019, des vétérinaires britanniques estimaient que la prévalence du surpoids chez les chiens était passée de 45 à 51 % 1.

Intérêt d’un régime riche en protéines pour contrôler la glycémie

Un régime hyperprotéique et pauvre en amidon est conseillé pour les chiens diabétiques

Dans la plupart des cas, le diabète sucré canin est de type 1 : une déficience des cellules ß du pancréas entraîne secondairement un déficit en insuline. Le diabète de type 2 n’est pas prouvé chez le chien mais l’obésité est pourtant un facteur de risque car un chien en surpoids ou obèse a environ 3 fois plus de risque d’être diagnostiqué comme diabétique qu’un chien de corpulence normale1.

Intérêt d’un régime riche en protéines pour la locomotion

Le poids, la masse musculaire et l’endurance sont tous liés aux protéines

Le vieillissement du système locomoteur est un phénomène inéluctable mais la nutrition peut aide à ralentir ce phénomène. La quantité et la qualité des protéines alimentaires sont à considérer en priorité pour maintenir le poids de l’animal à son niveau optimal, encourager le développement musculaire et limiter le risque de lésion traumatique consécutive à une faiblesse tendineuse ou musculaire.

Protéines et rein : distinguer le vrai du faux

La peur des protéines repose sur des idées fausses

Les carnivores sont physiologiquement bien adaptés à consommer des quantités importantes de protéines. Pourtant, des craintes à propos du rôle délétère éventuel des protéines sur la fonction rénale sont encore souvent exprimées. Cette « peur » des protéines repose sur l’interprétation erronée d’études anciennes et sur des extrapolations abusives.

Intérêt d’un régime riche en protéines pour la santé urinaire

Un régime riche en protéines permet d’influencer l’abreuvement et le pH urinaire

Si le lien entre protéines et condition corporelle est relativement bien connu, il peut paraître plus étonnant de parler des protéines dans le cadre du maintien de la santé urinaire chez le chien. Pourtant, l’apport en protéines influence l’abreuvement et le pH urinaire, deux éléments aux fortes implications sur la santé urinaire.

Les besoins nutritionnels du chien

Le chien, ce carnivore opportuniste

Malgré la tolérance alimentaire du chien, ne pas oublier ses besoins fondamentaux !

L’homme a sélectionné plus de 350 races canines, toutes issues de la domestication des loups sauvages : chien et loup sont des sous-espèces de Canis lupus. Si 15 à 30 000 ans de cohabitation avec l’homme ont profondément influencé l’anatomie et la physiologie de l’espèce canine, sur un plan génétique, chiens et loups actuels ne se distinguent pourtant que par 36 variants sur 3,8 millions identifiés1 !

Quelques clés à propos des besoins nutritionnels du chien

Les besoins en macronutriments du chien

Un besoin nutritionnel correspond à la quantité théorique qu’il faut apporter d’un nutriment pour couvrir la demande métabolique. C’est l’apport minimum que l’animal doit recevoir pour lui permettre de vivre sans que ses fonctions physiologiques soient perturbées. En formulant des recommandations nutritionnelles, le vétérinaire doit aussi prendre en compte la généralisation du surpoids dans l’espèce canine.

Effets potentiellement négatifs d’un régime trop riche en amidon

Effets sur la digestion, la condition corporelle et la régulation de la glycémie

Outre l’intérêt économique, l’incorporation d’amidon dans les aliments secs pour chiens peut se justifier par un intérêt technologique : un minimum d’amidon est nécessaire pour obtenir l’expansion et la consistance adéquates d’une croquette. Si un plafonnement strict de son incorporation n’est pas réalisé, des conséquences négatives non négligeables peuvent cependant apparaître à différents niveaux.

Spécificités du chien stérilisé

Animal stérilisé : Optimiser les recommandations nutritionnelles

Les conséquences de la stérilisation sur le métabolisme de l'animal sont connues. La rapidité de leur installation et l'impact potentiel sur la santé de l'animal leur confèrent une grande importance. On dispose aujourd'hui de solutions nutritionnelles qui limitent ces conséquences. Il est donc indispensable d'intégrer des recommandations nutritionnelles optimisées au processus de toute stérilisation.

Impacts nutritionnels de la stérilisation chez le chien : L'importance d'un suivi nutritionnel individualisé

La part des chiens stérilisés est en augmentation et concerne environ 40 % de la population canine1. Le surpoids et l’obésité concernent eux aussi environ 40 % de la population canine2. Afin de prévenir ces pathologies, la stérilisation de l’animal doit s’accompagner d’une prise en charge nutritionnelle individualisée incluant le choix d’un aliment adapté et le calcul de la ration quotidienne.

Castration chirurgicale du chien mâle : peser le pour et le contre

L’exérèse des testicules a longtemps été considérée comme globalement bénéfique à la santé du chien, sous réserve du maintien du poids optimal. Des données d’épidémiosurveillance récentes montrent que ce n’est pas systématiquement le cas : pour chaque individu, les risques associés à cette intervention en matière de santé physique et comportementale de l’animal méritent d’être mis en balance avec les effets positifs attendus.

Références

1. Axelsson E., et al, “The genomic signature of dog domestication reveals adaptation to a starch-rich diet”, Nature, 2013, 495 : 360-365.
2. Sandoe P., et al, “Canine and feline obesityv: a One Health perspective”, Veterinary Record, 2014, 175 : 610-616
3. Manning R.D., « Renal hemodynamic, fluid volume, and arterial pressure changes during hyperproteinemia », Am. J. Physiol., 1987, 252, 3 : F403-411.
4. Knight A., Leitsberger M, « Vegetarian versus meat-based diets for companion animals », Animals (Basel), 2016, 6 : 57. 
5. Roudebush & Schoenherr (2010) Skin and hair disorders. In: Small Animal Clinical Nutrition : 637-643.
6. Elliott K.F., et al, « A diet lower in digestible carbohydrate results in lower postprandial glucose concentrations compared with a traditional canine diabetes diet and an adult maintenance diet in healthy dogs », Res. Vet. Sci., 2012, 93 : 288-295.
7. Kealy R.D., et al, “Evaluation of the effect of limited food consumption on radiographic evidence of osteoarthritis in dogs”, J. Am. Vet. Med. Assoc., 2000, 217 : 1678-1680.
8. Laflamme D.P., “Pet food safety: dietary protein”, Top. Companion Anim. Med., 2008, 23 : 154-157.
9. Chaix G., et al., « Questionnaire-based pet owner evaluation of gastrointestinal tolerance of a new high protein-low carbohydrate diet range in adult dogs », Intern. J. Appl. Res. Vet. Med., 2016, 14 : 242-254.
10. Leriche I., et al., « Efficacy and tolerance of two low-carbohydrate diets in large adult dogs with digestive sensitivity: a randomized, cross-over, blinded evaluation », J. Vet. Med. Surg., 2017, 1 : 17.
11. Wakshlag J.J., et al, “Effect of dietary protein on lean body wasting in dogs: correlation between loss of lean mass and markers of proteasome-dependent proteolysis”, J. Anim. Physiol. Anim. Nutr., 2003, 87 : 408-420.
12. Hewson-Hughes A.K., et al, “The effect of dietary starch level on postprandial glucose and insulin”, Br. J. Nutr., 2011,106 : S105-109. 
13. oudez R., et al, « Influence of different levels and sources of resistant starch on faecal quality of dogs of various body sizes », Br. J. Nutr., 2011, 106 : 211-215.
14. Brown S.A., et al., “Beneficial effects of dietary mineral restriction in dogs with marked reduction of functional renal mass”, J. Am. Soc. Nephrol .,1991, 1 : 1169-1179.