La nutrition a pour but d’assurer les apports en énergie et en nutriments en fonction des besoins de l’espèce, du mode de vie et éventuellement des affections de l’animal. Elle contribue à la bonne santé et peut le cas échéant participer à la prise en charge de l’animal malade...
La cohabitation avec l’homme depuis 15 000 à 30 000 ans a profondément influencé l’anatomie et la physiologie de l’espèce canine. Pourtant, sur un plan génétique, chiens et loups actuels se distinguent peu. Les chiens ont la capacité d’intégrer à leur alimentation de nombreux aliments ce qui les fait qualifier de carnivores opportunistes ; néanmoins, ce sont bel et bien des carnivores1.
Les besoins nutritionnels du chien sont ainsi satisfaits par un régime carnivore et il est aujourd’hui bien établi que les régimes alimentaires riches en protéines et pauvres en glucides sont très bénéfiques à la santé des chiens.
Un régime riche en protéines permet de maintenir un poids optimal et de conserver l’équilibre naturel entre la masse grasse et la masse maigre (muscle, organes…). L’obésité canine est une maladie qui, bien au-delà du problème esthétique, est associée à de nombreux problèmes de santé : affections ostéo-articulaires, métaboliques (diabète, hypothyroïdie, hyperlipidémie…), urinaires, cutanées, cardio_vasculaires et respiratoires, risques anesthésiques accrus, etc2.
Si le lien entre protéines et condition corporelle est relativement bien connu, il peut paraître plus étonnant de parler des protéines dans le cadre du maintien de la santé urinaire chez le chien. Pourtant, l’apport en protéines influence l’abreuvement3 et le pH urinaire4, deux éléments aux fortes implications sur la santé urinaire.
Les protéines représentent 95% de la structure des poils des chiens et jusqu’à 25 à 30% des apports quotidiens en protéines sont consacrés au renouvellement de la peau et du pelage5. Un apport protéique conséquent permet ainsi d’assurer la beauté de la peau et du pelage et doit être d’autant plus important que l’animal a un poil dense ou long.
Dans la plupart des cas, le diabète sucré canin est de type 1 : une déficience des cellules ß du pancréas entraîne secondairement un déficit en insuline. Il est préconisé que les glucides ne couvrent que 25 % du besoin énergétique pour aider à stabiliser la concentration sanguine en glucose chez le chien6.
La quantité et la qualité des protéines alimentaires sont à considérer en priorité pour préserver le système locomoteur, notamment pour maintenir le poids de l’animal7 à son niveau optimal et pour encourager le développement musculaire8.
Plusieurs études se sont intéressées à la tolérance digestive des chiens nourris avec des aliments riches en protéines et pauvres en glucides, en particulier chez les chiens de grandes races, figurant parmi les plus sensibles9,10.
Si un plafonnement strict de l’incorporation de l’amidon n’est pas réalisé, des conséquences négatives non négligeables peuvent apparaître à différents niveaux : prise de poids11 et hyperglycémie12 favorisées, perturbation de la digestion13...
Les carnivores sont physiologiquement bien adaptés à consommer des quantités importantes de protéines. Pourtant, des craintes à propos du rôle délétère éventuel des protéines sur la fonction rénale sont encore souvent exprimées. Cette « peur » des protéines repose sur l’interprétation erronée d’études anciennes et sur des extrapolations abusives.
Plusieurs études témoignent de la très bonne tolérance rénale des chiens sains à des niveaux élevés de protéines8, même chez des chiens senior.
Par contre, l’implication du phosphore dans la dégradation de la fonction rénale du chien est établie depuis de nombreuses années et il est démontré que la restriction alimentaire en phosphore permet de ralentir la progression de la maladie14 . Cela nécessite de veiller à une très bonne qualité de protéines, le taux de phosphore variant en fonction de cette qualité.
Références
1. Axelsson E., et al, “The genomic signature of dog domestication reveals adaptation to a starch-rich diet”, Nature, 2013, 495 : 360-365.
2. Sandoe P., et al, “Canine and feline obesityv: a One Health perspective”, Veterinary Record, 2014, 175 : 610-616
3. Manning R.D., « Renal hemodynamic, fluid volume, and arterial pressure changes during hyperproteinemia », Am. J. Physiol., 1987, 252, 3 : F403-411.
4. Knight A., Leitsberger M, « Vegetarian versus meat-based diets for companion animals », Animals (Basel), 2016, 6 : 57.
5. Roudebush & Schoenherr (2010) Skin and hair disorders. In: Small Animal Clinical Nutrition : 637-643.
6. Elliott K.F., et al, « A diet lower in digestible carbohydrate results in lower postprandial glucose concentrations compared with a traditional canine diabetes diet and an adult maintenance diet in healthy dogs », Res. Vet. Sci., 2012, 93 : 288-295.
7. Kealy R.D., et al, “Evaluation of the effect of limited food consumption on radiographic evidence of osteoarthritis in dogs”, J. Am. Vet. Med. Assoc., 2000, 217 : 1678-1680.
8. Laflamme D.P., “Pet food safety: dietary protein”, Top. Companion Anim. Med., 2008, 23 : 154-157.
9. Chaix G., et al., « Questionnaire-based pet owner evaluation of gastrointestinal tolerance of a new high protein-low carbohydrate diet range in adult dogs », Intern. J. Appl. Res. Vet. Med., 2016, 14 : 242-254.
10. Leriche I., et al., « Efficacy and tolerance of two low-carbohydrate diets in large adult dogs with digestive sensitivity: a randomized, cross-over, blinded evaluation », J. Vet. Med. Surg., 2017, 1 : 17.
11. Wakshlag J.J., et al, “Effect of dietary protein on lean body wasting in dogs: correlation between loss of lean mass and markers of proteasome-dependent proteolysis”, J. Anim. Physiol. Anim. Nutr., 2003, 87 : 408-420.
12. Hewson-Hughes A.K., et al, “The effect of dietary starch level on postprandial glucose and insulin”, Br. J. Nutr., 2011,106 : S105-109.
13. oudez R., et al, « Influence of different levels and sources of resistant starch on faecal quality of dogs of various body sizes », Br. J. Nutr., 2011, 106 : 211-215.
14. Brown S.A., et al., “Beneficial effects of dietary mineral restriction in dogs with marked reduction of functional renal mass”, J. Am. Soc. Nephrol .,1991, 1 : 1169-1179.