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Temps de lecture : 4 minutes

Quelques clés à propos des besoins nutritionnels du chien

Dr Agnès Batard
DMV, Global medical manager Petfood, Virbac

Les besoins en macronutriments du chien

Un besoin nutritionnel correspond à la quantité théorique qu’il faut apporter d’un nutriment pour couvrir la demande métabolique. C’est l’apport minimum que l’animal doit recevoir pour lui permettre de vivre sans que ses fonctions physiologiques soient perturbées. En formulant des recommandations nutritionnelles, le vétérinaire doit aussi prendre en compte la généralisation du surpoids dans l’espèce canine.

Dans la majorité des cas, l’alimentation des chiens doit tenir compte  du risque de surpoids

La Fédération Européenne De l’Industrie des Aliments pour animaux Familiers (Fediaf) édite régulièrement des recommandations d’apports nutritionnels pour les chiots et les chiens 1. La dernière actualisation date de 2019 et la version française de ce guide est disponible auprès de la Facco (la chambre syndicale des Fabricants d’Aliments pour Chiens, Chats et Oiseaux) 2. Les recommandations s’appuient essentiellement sur la compilation d’études scientifiques présentées dans la dernière édition du National Research Council (NRC), un comité dépendant de l’Académie Nationale des Sciences aux Etats-Unis 3. Les fabricants d’aliments s’appuient sur ces recommandations pour justifier leurs formules.
 


 

Recommandations d’apport énergétique

Les tableaux fournis par la Fediaf1 permettent de proposer de rationner un chien en fonction de son âge, de son niveau d’activité et de son stade physiologique. Entre 3 et 7 ans, pour un chien ayant un niveau d’activité modéré (de 1 à 3 heures par jour), la quantité de calories journalières à distribuer équivaudra par exemple à 110 kcal/kg0.75. Un chien de travail actif pendant au moins 3 heures par jour aura lui théoriquement besoin de 150  à 175 kcal/kg0.75
Si la Fediaf prend en compte la stérilisation dans le calcul du besoin énergétique des chats, ce n’est pas encore le cas pour les chiens. Pourtant, en 2018, environ 15,5 % des mâles et 27,2 % des femelles étaient stérilisés4. La stérilisation implique de revoir les besoins énergétiques à la baisse car c’est un facteur majeur de risque d’obésité canine, surtout dans les deux ans qui suivent l’intervention chirurgicale5,6. C’est donc au cours de cette période que les mesures de prévention de l’obésité sont les plus nécessaires. 
 

Recommandations d’apport en protéines

Pour un chien adulte à activité modérée (rationné sur la base de 110 kcal/kg0.75), la Fediaf recommande d’incorporer au moins 18 % de protéines dans la matière sèche (MS) de l’aliment, en supposant que celui-ci apporte en moyenne environ 400 kcal/100g MS. Rapporté à l’énergie métabolisable (EM), cela équivaut à fournir 45 g de protéines/ Mcal. 
En pratique, les vétérinaires nutritionnistes recommandent cependant des valeurs supérieures car, plutôt que viser le simple équilibre de la balance azotée, leur objectif est de préserver la masse maigre. Sur cette base, il est nécessaire de revoir le besoin protéique à la hausse ; pour un chien adulte, il faudrait par exemple fournir 55 à 65 g de protéines /Mcal EM7. Chez le chien, il n’a de toute façon jamais été établi de limite supérieure à ne pas dépasser pour l’incorporation de protéines.
Les aliments destinés à faire perdre du poids aux animaux sont d’ailleurs tous riches en protéines car des niveaux très élevés (>100 g /Mcal EM) facilitent la perte de poids chez les chiens obèses tout en facilitant la conservation de la masse maigre8-10. Ce type de régime encourage également l’installation rapide de la satiété et limite le risque d’effet rebond après le régime.
 

Recommandations d’apport en lipides

Les lipides (communément appelés graisses ou matières grasses) représentent une des trois grandes catégories de macronutriments, avec les protéines et les glucides.
Les lipides sont des sources d’énergie concentrées (1 g de lipides apporte 9 kcal d’EM  vs 4 kcal pour les protéines ou les glucides). Un minimum de 5,5 % de lipides sur MS est recommandé par la Fediaf mais, comme le chien les digère et les tolère très bien, des niveaux de matières grasses nettement plus élevés sont recommandés dès lors que l’activité physique des chiens augmente, en respectant le RCP recommandé plus haut.
Sur le plan qualitatif, il est indispensable d’apporter au moins 1,5 % d’acide linoléique ; ce chef de file de la série des acides gras oméga 6  ne peut pas être synthétisé par l’organisme et il est donc considéré comme un acide gras essentiel (AGE) chez le chien.
Des études ont également montré qu’un apport en acides gras oméga 3 à longue chaîne (EPA/DHA) avait des effets favorables sur la vision et les capacités d’apprentissage des chiots. Il est donc conseillé d’enrichir l’alimentation des chiennes reproductrices et des chiots avec ces acides gras oméga 3 11. Malgré l’évidence croissante des effets bénéfiques des acides gras oméga 3 chez les chiens adultes, les informations actuelles sont insuffisantes pour recommander un niveau spécifique d'acides gras oméga-3 dans leur alimentation en situation physiologique. 
 

Limiter l’apport en glucides

Pour tenir compte de la sédentarité et/ou de la stérilisation chez le chien, la teneur en matières grasses est souvent réduite, pour tenter de limiter l’ingéré calorique. Il ne faut cependant jamais oublier que le pourcentage total de l’énergie apportée par tous les macronutriments (protéines, matières grasses et glucides) doit faire 100. La fraction glucidique de l’aliment, hors fibres alimentaires (les taux de cellulose brute et de matières minérales étant en général réduits) tend alors à servir de variable d’ajustement. 
Ce qu’on appelle l’Extractif Non Azoté (ENA) représente essentiellement les glucides digestibles, soit l’amidon des céréales. Plus les taux de protéines et de matières grasses sont limités, plus la part de l’ENA est importante. Pourtant, quand on leur donne le choix, les chiens optent spontanément pour un régime riche en protéines où les glucides représentent moins de 15 % de l’énergie 12
Il est d’ailleurs intéressant de noter que les recommandations de la Fediaf ne comportent aucune référence aux glucides digestibles, laissant penser que ces derniers ne sont pas essentiels dans la nutrition des chiens. En revanche, les nourrir avec des aliments riches en glucides et pauvres en protéines peut induire des effets négatifs et favorise notamment la prise de poids.

Il est aujourd’hui bien établi que les régimes alimentaires de type « Low Carbohydrate High Protein » (LC-HP) sont très bénéfiques à la santé des chiens et qu’ils aident à maintenir une condition corporelle optimale chez les chiens menacés par l’excès de poids. Dans ces régimes, la teneur en matières grasses reste généralement modérée.
 

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Références

1. www.fediaf.org/images/FEDIAF_Nutritional_Guidelines_2019_Update_030519.pdf
2. www.facco.fr/wp-content/uploads/2020/01/facco-guide-nutritionnel-fediaf-aliments-complets-chiens-chats.pdf 
3. National Research Council, « Nutrient requirements of dogs and cats », 2006, Washington, DC : The National Academies Press.
4. Etude Kantar, Parc des animaux familiers 2018, Point Presse Facco, 17 juin 2019.
5. Lefebvre S. et al, « Effect of age at gonadectomy on the probability of dogs becoming overweight », J. Am. Vet. Med. Assoc., 2013, 243 : 236-243.
6. Jeusette I., et al, « Ad libitum feeding following ovariectomy in female Beagle dogs: effect on maintenance energy requirement and on blood metabolites », J. Anim. Physiol. Anim. Nutr., 2004, 88 : 3-4.

Synthèse de l'étude : Effets de l’alimentation à volonté des chiennes après ovariectomie. La surconsommation est particulièrement importante dans le mois qui suit la stérilisation.

7. Blanchard G, Paragon B.M., « Démarche de rationnement », La Dépêche Technique, 2003 : 3-9.
8. Diez M., et al, “Weight loss in obese dogs: evaluation of a high-protein, low-carbohydrate diet », J. Nutr., 2002, 132 :1685S-1687S.
9. Blanchard G., et al, “ Rapid weight loss with a high-protein low-energy diet allows the recovery of ideal body composition and insulin sensitivity in obese dogs », J. Nutr., 2004, 134 : 2148S-2150S.
10. German A.J., et al., “A high protein high fibre diet improves weight loss in obese dogs », Vet. J., 2010, 183 : 294-297.

Synthèse de l'étude : Effets d’un régime riche en protéines et en fibres pour les chiens obèses. Un régime riche en protéines facilite la perte de poids chez les chiens obèses.

11. Heinemann K.M., et al., « Long-chain (n-3) polyunsaturated fatty acids are more efficient than alpha-linolenic acid in improving electroretinogram responses of puppies exposed during gestation, lactation, and weaning », J. Nutr., 2005, 135 : 1960-1966.
12. Hewson-Hugues A.K., et al, « Geometric analysis of macronutrient selection in breeds of the domestic dog, canis lupus familiaris », Behav. Ecol., 2013, 24 : 293-304.