La maladie de Cushing est la conséquence d’une dégénérescence de l’hypothalamus, la glande qui contrôle normalement la production des hormones hypophysaires en sécrétant de la dopamine. La maladie de Cushing est l’endocrinopathie la plus fréquemment diagnostiquée chez le cheval et les chevaux très âgés ne sont pas les seuls touchés.
La baisse de sécrétion de dopamine conduit à un dysfonctionnement hypophysaire et à une activation excessive des glandes surrénales.
Fonctionnement de l'axe hypothalamo-hypophysaire
chez un cheval sain
Fonctionnement de l'axe hypothalamo-hypophysaire
chez un cheval atteint de la maladie de Cushing
Chez un cheval atteint de la maladie de Cushing, le déficit en dopamine entraîne la dégénérescence des cellules de la pars intermedia de l’hypophyse et l’augmentation de la production d’adrénocorticotrophine (ACTH). Par effet de cascade, cette dernière stimule la production de cortisol par les glandes surrénales4.
L’hypercorticisme chronique qui se développe chez le cheval perturbe les métabolismes glucidique, protéique et lipidique, altère les défenses immunitaires et augmente le risque de troubles vasculaires, notamment au niveau des pieds.
Les signes cliniques de la maladie de Cushing peuvent être variés mais les troubles dermatologiques et locomoteurs dominent généralement le tableau clinique.
Troubles dermatologiques
Dans au moins 3 cas sur 4, une hypertrichose (ou “hirsutisme”) est présente chez les chevaux atteints de la maladie de Cushing. La mue printanière ne se déroule pas normalement, le pelage devient long et frisé, et les poils se décolorent. Une tendance à l’hypersudation est également fréquente.
Troubles locomoteurs
La fourbure est un signe d’appel très fréquent : la congestion et l’inflammation des vaisseaux podaux entraîne des boiteries et des douleurs importantes chez les chevaux touchés par la maladie de Cushing.
Autres modifications métaboliques
Léthargie et baisse de performance sont des signes non-spécifiques mais fréquents de la maladie de Cushing.
Celle-ci est également responsable d’une polyuro-polydypsie, d’une fonte musculaire et d’une redistribution des graisses qui s’accumulent notamment au niveau du chignon, de la base de la queue et dans la région périnéale. L’abdomen devient pendulaire.
L’hypercorticisme retarde la cicatrisation et fait chuter les défenses immunitaires. Il facilite donc l’apparition d’infections opportunistes, surtout aux niveaux cutané, dentaire ou sinusal.
Des signes neurologiques (ataxie, convulsions, narcolepsie) sont parfois observés.
Un diagnostic précoce permet de préserver la qualité de vie de l'animal atteint grâce à la mise en place d’un traitement efficace.
Le diagnostic de la maladie de Cushing passe essentiellement par le dosage de l’ACTH dans le sang. Ce test est particulièrement utile pour confirmer une suspicion lorsque la maladie commence juste à évoluer. Le dosage de l’ACTH aide aussi à faire le diagnostic différentiel avec le syndrome métabolique équin.
Il existe des variations saisonnières de la production d’ACTH : elle tend à augmenter entre août et octobre, lorsque la durée du jour diminue. Le dosage peut être effectué à n'importe quel moment de l'année mais les résultats sont plus faciles à interpréter à l’automne, car les différences entre chevaux sains et malades sont alors plus nettes.
Les valeurs de référence peuvent cependant varier d'un laboratoire à l'autre et la production d’ACTH est influencée par la race, l’état corporel, l’état de santé (elle augmente par exemple en cas d’épisode de fourbure aiguë) et le niveau de stress du cheval. Les résultats du test seront donc interprétés à la lumière des observations cliniques.
Le traitement repose sur l’administration d’un agoniste de la dopamine qui stimule les récepteurs à la dopamine et permet de réguler la synthèse d’ACTH.
Fonctionnement de l'axe hypothalamo-hypophysaire chez un cheval traité.
Une amélioration clinique apparaît en général en 4 à 8 semaines. Il s’agit d’un traitement à vie, à administrer une fois par jour. Le dosage est à adapter au stade de la maladie et à la réponse de l’animal.
La prise en charge d’un cheval atteint de la maladie de Cushing dépasse cependant le traitement médical. Il est notamment indispensable de surveiller l’état du pelage, de la peau, des dents et des pieds du cheval, d’augmenter la fréquence des parages et de bien respecter les protocoles de vaccination et de vermifugation.
Les chevaux atteints de la maladie de Cushing présentent souvent une hyperinsulinémie, susceptible de s’aggraver si l’alimentation est trop riche en sucres rapides. Il est donc conseillé d’éviter les granulés de céréales à index glycémique élevé (sauf si la condition corporelle du cheval est insuffisante) et de privilégier les aliments fibreux. Au printemps, la consommation d’herbe doit être contrôlée pour ne pas augmenter le risque de fourbure.
Références :
1. https://statscartes.ifce.fr/effectif-dquids/par-tranche-dge_d77
2. IRELAND J.L., et al., « Epidemiology of pituitary pars intermedia dysfunction: a systematic literature review of clinical presentation, disease prevalence and risk factors ». Vet. J., 2018, 235, 22‑33.
3. https://equipedia.ifce.fr/fileadmin/bibliotheque/6.Statistiques/6.9.Breves-eco/Breve-eco-fevrier-2024-effectif-equides-en-2022.pdf
4. PICANDET V. « La maladie de Cushing chez le cheval : dysfonctionnement de la pars intermedia de l’hypophyse », Bull. Acad. Vét. France, 2013, 166, 2.