Tout ce qui peut aider à maintenir les chiens à leur poids optimal bénéficie à leur bien-être, leur santé et leur espérance de vie
L’obésité est une maladie qui, bien au-delà du problème esthétique, est associée à de nombreux problèmes de santé : affections ostéoarticulaires, métaboliques (diabète, hypothyroïdie, hyperlipidémie…), urinaires, cutanés, cardiovasculaires et respiratoires, risques anesthésiques accrus, etc.
Les chiens dont les propriétaires estiment qu’ils ont un « bon appétit » ont un risque d’obésité multiplié par 3,4 par rapport aux autres2. Pour prévenir la surconsonsommation, l’alimentation doit induire la satiété rapidement et le chien doit se sentir rassasié durablement.
La satiété dépend de la quantité consommée (volume du repas et distension gastrique) mais aussi de l’équilibre nutritionnel. Les protéines ont un effet satiétogène élevé3 car, à la différence de l’amidon qui fournit directement du glucose, les protéines ne peuvent pas être utilisées telles quelles comme substrat énergétique. Pendant que l’organisme « travaille » à métaboliser les protéines, l’appétit est diminué4.
Certains acides aminés indispensables (lysine, phénylalanine, leucine) favorisent l’inhibition de la prise alimentaire quand ils sont consommés en excès par rapport aux besoins. Le tryptophane joue également un rôle important : il est un précurseur de la sérotonine, qui est un médiateur de la satiété3,5,6. Tous ces acides aminés sont beaucoup plus présents dans les sources de protéines animales que végétales.
A taux de matières grasses constant, le bilan énergétique net est plus faible lorsque le taux protéique augmente aux dépens du taux glucidique. Il a d’ailleurs été montré expérimentalement qu’à ingéré énergétique similaire, un régime riche en protéines limite significativement la prise de poids des chiens par rapport à un régime apportant moins de protéines7.
A la différence de l’amidon qui fournit directement du glucose, les protéines ne sont en effet pas utilisées telles quelles comme substrat énergétique. La néoglucogénèse consomme beaucoup de calories et la valorisation énergétique des protéines est plus faible que celle des glucides.
Dans un contexte de perte de poids, un taux élevé de protéines permet de minimiser ou d’empêcher la fonte musculaire pendant l’amaigrissement8,9,10. Chez un chien à l’entretien, développer la masse maigre est aussi intéressant car les muscles réclament plus d’énergie pour s’entretenir que la masse grasse11.
L’efficacité d’un régime riche en protéines pour entretenir la masse maigre a été mise en évidence dans plusieurs études chez le chien, en particulier après la stérilisation12,13. L’intérêt particulier des protéines animales pour tenir cet objectif a été constaté ; une corrélation a ainsi pu être établie entre le taux de gluten de maïs dans l’aliment et la perte de masse maigre, sans doute imputable à un déficit en certains acides aminés (lysine, tryptophane)14.
Lors du retour à l’alimentation habituelle, un « effet rebond » est constaté chez environ la moitié des chiens qui ont perdu du poids15. Le risque serait d’autant plus important que l’animal est jeune. Un taux élevé de protéines alimentaires peut cependant permettre de limiter l’occurrence de cet effet rebond. Le contrôle du poids après une période d’amaigrissement est facilité par un aliment riche en protéines.
L’effet « booster » des protéines sur le métabolisme a un impact très positif : avec un aliment riche en protéines, le poids de l’animal est plus facilement maintenu qu’avec un aliment riche en glucides16.
Une alimentation riche en protéines aide à garder les chiens à leur poids de forme en accélérant l’installation de la satiété, en stimulant le métabolisme et en limitant les conséquences d’une surconsommation alimentaire et en entretenant voire en développant la masse maigre, plus consommatrice d’énergie. L’effet rebond après une période d’amaigrissement est également moins suceptible d’apparaître.
Références
1. www.pfma.org.uk/_assets/docs/White%20Papers/PFMA-Obesity-Report-2019.pdf
2. Sallander M., et al, “Energy-intake and activity risk factors for owner-perceived obesity in a defined population of Swedish dogs”, Prev. Vet. Med., 2010, 96 : 132-141.
3. Louis-Sylvestre J., « Toutes les protéines ont-elles le même pouvoir satiétogène ? », Cah. Nutr. Diet , 2002, 37 : 5
4. Colliard C., et al., “Risk factors for obesity in dogs in France”, J. Nutr, 2006, 136 : 1951S-1954S
5. Backus R.C., “Management of satiety”, Waltham Focus, 2006, 16 : 27-32.
6. Halton TL. et al. The effects of high protein diets on thermogenesis, satiety and weight loss: a critical review. J Am College Nutr 2004; 23: 373-385.
7. Hill R.C., et al, “Effect of increased dietary protein and decreased dietary carbohydrate on performance and body composition in racing Greyhounds”, Am. J. Vet. Res., 2001, 62 : 440-447.
8. Diez M., et al, « Weight loss in obese dogs: evaluation of a high protein, low carbohydrate diet », J. Nutr., 2002, 132 : 1685S-1687S.
9. Blanchard G., et al, « Rapid weight loss with a high-protein low-energy diet allows the recovery of ideal body composition and insulin sensitivity in obese dogs », J. Nutr., 2004, 134 : 2148S-2150S.
10. André A., et al., « Recovery of insulin sensitivity and optimal body composition after rapid weight loss in obese dogs fed a high-protein medium-carbohydrate diet », J. Anim. Physiol. Anim. Nutr (Berl.), 2017, 101 (Suppl 1) : 21-30.
Synthèse de l'étude : Intérêt des protéines lors de perte de poids rapide chez le chien. Un régime riche en protéines est une bonne solution pour contrôler la perte de poids chez les chiens.
11. Hannah S.S., “Role of dietary protein in weight management”, Comp. Cont. Educ. Pract. Vet., 1999, 21 : 32-33.
12. Kawauchi I.M., et al, « Effect of dietary protein intake on the body composition and metabolic parameters of neutered dogs », J. Nutr. Sci., 2017; 6: e40.
Synthèse de l'étude : Influence des protéines sur la composition corporelle après stérilisation. Un aliment riche en protéines permet de mieux contrôler le besoin énergétique et la composition corporelle après stérilisation.
13. Phungviwatnikul T., et al, « Effects of diet on body weight, body composition, metabolic status, and physical activity levels of adult female dogs after spay surgery », J. Anim. Sci., 2020, 98 : pii: skaa057.
14. Wakshlag J.J., et al, “Effect of dietary protein on lean body wasting in dogs: correlation between loss of lean mass and markers of proteasome-dependent proteolysis », J. Anim. Physiol. Anim. Nutr., 2003, 87 : 408-420.
15. German A.J., et al, “Long-term follow-up after weight management in obese dogs: the role of diet in preventing regain”, Vet. J., 2012, 192 : 65-70.
16. German A., “Weight management in obese pets: the tailoring concept and how it can improve results », Acta. Vet. Scand., 2016, 58 : (Suppl. 1) : 57.