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Intérêt d’un régime riche en protéines pour la locomotion

Dr Agnès Batard
DMV, Global medical manager Petfood, Virbac

Le poids, la masse musculaire et l’endurance sont tous liés aux protéines

Le vieillissement du système locomoteur est un phénomène inéluctable mais la nutrition peut aide à ralentir ce phénomène. La quantité et la qualité des protéines alimentaires sont à considérer en priorité pour maintenir le poids de l’animal à son niveau optimal, encourager le développement musculaire et limiter le risque de lésion traumatique consécutive à une faiblesse tendineuse ou musculaire.

 

Contrôle du poids et maintien d’une bonne musculature pour protéger le squelette

 


 

Protéines et maintien du poids de forme

Un poids trop important exerce des contraintes excessives sur les articulations ; l’usure prématurée des cartilages articulaires constitue alors le point de départ du développement de l’arthrose. 
Des études menées pendant 14 ans sur 48 labrador retrievers prédisposés à la dysplasie coxo-fémorale (DCF) ont prouvé l’importance du poids comme facteur de risque dans le développement des lésions d’arthrose 1-3. A l’âge de 2 ans, les chiens nourris à volonté (groupe A) pesaient en moyenne 9 kg de plus que les chiens rationnés en vue de maintenir leur poids de forme (groupe B). A la fin de l'étude, les images radiographiques ont montré que l’arthrose s’est développée plus tôt et plus gravement chez les chiens du groupe A. L’âge médian d’apparition des premières images de DCF fut de 6 ans chez les chiens du groupe A, contre 12 ans dans le groupe B. L’ajustement des apports caloriques dans le groupe B a donc permis de retarder le développement des signes cliniques de DCF.
Chez l’adulte atteint de troubles articulaires, l’embonpoint exacerbe la douleur et augmente la boiterie. La seule perte de poids (dès -11 à -18 % du poids initial) permet de diminuer la douleur ressentie par des chiens en surpoids et souffrant de DCF 4.
Dans une revue de médecine basée sur les preuves (« evidence-based medicine »), la gestion du poids figure en bonne place parmi les axes retenus pour traiter la DCF canine sans faire appel à la chirurgie 5.Il existe aussi une association significative entre l’excès de poids et le risque de rupture du ligament croisé antérieur 6
Un aliment présentant un rapport protéines/calories élevé aide à stabiliser le poids corporel et donc à protéger les articulations.

 

Protéines et masse musculaire

Le maintien voire le développement de la masse musculaire est essentiel pour soulager les articulations ; suffisamment de protéines doivent être fournies à l’organisme pour empêcher le catabolisme des protéines endogènes. Ceci est particulièrement vrai chez un chien vieillissant car un déficit protéique risque d’accélérer la fonte musculaire liée à l’âge7
La qualité des protéines est également importante à considérer. Les acides aminés ramifiés (AAR), à savoir la leucine, l’isoleucine et la valine, sont captés en priorité par les muscles où ils favorisent la synthèse des protéines musculaires 8. Ce sont ces mêmes AAR qui sont prioritairement utilisés dans la voie de la néoglucogénèse, pour fournir l’énergie nécessaire à l’activité musculaire. A ce titre, les protéines animales sont plus intéressantes que les protéines végétales, car plus riches en leucine. 
Dans une étude terrain visant à confirmer l’intérêt d’un aliment riche en protéines et en acides gras essentiels chez des chiens atteints de douleurs articulaires chroniques, l’amélioration de la mobilité a été constatée et 35 % des propriétaires jugeaient la silhouette de leur chien « plus fine » ou « plus musclée » après 2 mois de distribution 9.
 

Protéines et performances sportives

L’intérêt d’un régime riche en protéines a été plusieurs fois mis en évidence chez les chiens sportifs. 

  • Une étude menée sur des lévriers de course pendant 8 semaines a montré une amélioration des performances avec un aliment riche en protéines par rapport à un aliment témoin riche en glucides. La vitesse de course fut supérieure (soit un gain de 4 m à la fin d’une course de 500 m) et l’hématocrite était plus élevé de 4 % avant et après les courses 10.
  • Chez des chiens de traîneau soumis à un entrainement intensif, une étude a comparé l’effet de 4 aliments isoénergétiques de taux protéique différent (18 à 35 % de l’énergie métabolisable ou EM) 11. Le régime riche en protéines a permis d’améliorer le volume plasmatique et le taux d’hémoglobine sanguine. 

La qualité des protéines joue, ici aussi, un rôle important. Cela a été montré dans une étude réalisée sur des chiens recevant un aliment sec contenant 30 % de protéines, mais formulé soit avec des protéines animales (viandes et poissons), soit des protéines végétales (soja) 12. Pendant la période d’exercice intense, une anémie a été observée chez les chiens consommant le second régime. Un déficit en lysine aurait stimulé l’activité de la lécithine-cholestérol-acyltransférase dans le foie, induisant finalement une réduction du taux de cholestérol libre. Cette modification de la composition des lipides membranaires a pu ensuite réduire la résistance des hématies à l’hémolyse, d’où le développement de l’anémie. 
 

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Références

1. Kealy R.D., et al, « Five-year longitudinal study on limited food consumption and development of osteoarthritis in coxofemoral joints of dogs”, J. Am. Vet. Med. Assoc., 1997, 210 : 222-225.
2. Kealy R.D., et al, “Evaluation of the effect of limited food consumption on radiographic evidence of osteoarthritis in dogs”, J. Am. Vet. Med. Assoc., 2000, 217 : 1678-1680.
3. Kealy R.D., et al., « Effects of diet restriction on life span and age-related changes in dogs”. J Am Vet Med Assoc 2002; 220: 1315-1320.
4. Impellizeri JA, Tetrick MA, Muir P. Effect of weight reduction on clinical signs of lameness in dogs with hip osteoarthritis. J. Am. Vet. Med. Assoc., 2000, 216 : 1089-1091.
5. Kirkby K.A., et al, “Canine hip dysplasia: reviewing the evidence for nonsurgical management”, Vet. Surg., 2012, 41 : 2-9.
6. Lund E.M., et al., “Prevalence and risk factors for obesity in adult dogs from private US veterinary practices”, Intern. J. Appl. Res. Vet. Med., 2006, 4 : 177-186.
7. Laflamme D.P., “Pet food safety: dietary protein”, Top. Companion Anim. Med., 2008, 23 : 154-157.

Synthèse de l'étude : Veiller à un apport suffisant en protéines. Chez les chiens âgés, le besoin protéique augmente d’environ 50 % et un déficit peut aggraver la perte de masse maigre.

8. Miller K.B., “Protein at the speed of life”, Focus on gerontology, Comp. Anim. Nut. Summit, 2010: 48-54.
9. Nicolas C., « Assessement of a new high protein and high essential fatty acid diet in dogs with chronic disorders », 5th Animal Health and Veterinary Medicien Congress, September 26-27, 2016, Valence, Espagne

Synthèse de l'étude : Evaluation d’un aliment riche en protéines et en acides gras oméga 3 chez des chiens souffrant de troubles articulaires chroniques. Un aliment riche en protéines animales et en acides gras oméga 3 peut permettre d’atténuer les signes cliniques liés à l’arthrose ches les chiens. 

10. Hill R.C., et al, “ Maintenance energy requirements and the effect of diet on performance of racing Greyhounds”, Am. J. Vet. Res., 2000, 61 : 1566-1573.
11. Reynolds A.J., et al., “Effect of protein intake during training on biochemical and performance variables in sled dogs”, Am. J. Vet. Res., 1999, 60 : 789-795.
12. Yamada T., et al., « Comparison of effects of vegetable protein diet and animal protein diet on the initiation of anemia during vigorous physical training (sports anemia) in dogs and rats”, J. Nutr. Sci .Vitaminol .,1987, 33 : 129–149.