L’alimentation, un complémentaire indispensable au traitement insulinique
La prévalence du diabète sucré canin est estimée à environ 0,3 %2,3. Cette maladie touche en priorité des chiens d’âge moyen ou âgés : dans une étude récente, l’âge médian au moment du diagnostic était de 10 ans (5-14 ans)4.
Le traitement d’un chien diabétique passe en principe par des injections d’insuline mais l’alimentation est un complémentaire indispensable. Pour diminuer les complications liées au diabète, elle vise en particulier à améliorer le contrôle de la glycémie, via la réduction du pic d’hyperglycémie post-prandial.
Dans la plupart des aliments d’entretien pour chiens (en particulier pour les animaux seniors, les plus sujets au diabète), l’amidon est la principale source d’énergie et l’apport protéique est limité. Lorsqu’il existe un risque de diabète, le taux de glucides rapidement assimilables doit pourtant au contraire être limité. Une étude préconise que les glucides ne couvrent que 25 % du besoin énergétique pour aider à stabiliser la concentration sanguine en glucose chez le chien5. Les protéines représentent alors la principale source d’énergie et un régime hyperprotéique jouera un rôle particulièrement bénéfique si le chien diabétique est en surpoids.
Hyperglycémie et hyperinsulinémie sont liées : l’hyperglycémie induite par un repas riche en glucides stimule excessivement la production d’insuline par le pancréas, favorisant ensuite le développement d’une insulino-résistance. Une diminution progressive de la sensibilité des cellules à l’insuline fait alors le lit du diabète sucré. A l’inverse, un régime riche en protéines contribue à la stabilité des concentrations sanguines en glucose et en insuline6.
Chez les chiens, la production d’insuline est inférieure quand ils reçoivent un aliment où l’énergie est principalement issue des protéines, par rapport à un aliment dans lequel les glucides sont la source majeure d’énergie. Dans une étude réalisée sur des chiens de chasse, des différences ont été observées en fonction du régime : chez les chiens recevant un aliment sec riche en protéines (49,4 % sur brut) et pauvre en glucides (13,3 % sur brut), la production d’insuline a été réduite par rapport à des chiens consommant au contraire un aliment riche en glucides (45,3 %) et faible en protéines (21,6 %)7.
La prévention du diabète sucré implique de garder le chien à son poids idéal car l’obésité induit une insulinorésistance, une hyperinsulinémie et une hypertriglycéridémie8.
Des aliments contenant 46 % ou 24 % de protéines (sur l’énergie) ont été distribué à des chiens présentant un surpoids de 28 % à 41 % et tous les chiens ont été inclus dans un programme d’amaigrissement qui a duré 12 à 16 semaines. La sensibilité à l'insuline et la composition corporelle ont été mesurées avant et après la perte de poids : celle-ci a été associée à une augmentation significative de la sensibilité à l'insuline9.
Les concentrations plasmatiques post-prandiales de glucose et d'insuline étaient sensiblement plus faibles avec l’aliment le plus riche en protéines et ces différences sont sans doute liées à la teneur différente en glucides des deux aliments.
Un aliment riche en protéines, à teneur modérée en glucides, est donc une bonne solution nutritionnelle pour améliorer le métabolisme glucidique. Il peut être indiqué pour prévenir ou contrôler une mauvaise tolérance au glucose chez les chiens obèses et il favorise la perte de poids tout en préservant la masse maigre.
Les aliments riches en protéines doivent être intégrés dans la prévention et le traitement du diabète sucré chez le chien car ils agissent sur tous les facteurs de risque : ils favorisent le maintien d’une bonne condition corporelle, ils limitent l’hyperglycémie post-prandiale et ils diminuent le besoin en insuline.
Références
1. Poppl A.G., et al, « Canine diabetes mellitus risk factors: a matched case-control study », Res. Vet. Sci., 2017, 114: 469-473.
2. Mattin M., et al, « An epidemiological study of diabetes mellitus in dogs attending first opinion practice in the UK », Vet. Rec., 2014, April 5.
3. Yoon S., et al, « Epidemiological study of dogs with diabetes mellitus attending primary care veterinary clinics in Australia », Vet. Rec., 2020, http://dx.doi.org/10.1136/vr.105467
4. Tardo A.M., « Survival estimates and outcome predictors in dogs with newly diagnosed diabetes mellitus treated in a veterinary teaching hospital”, Vet. Rec., 2019, http://dx.doi.org/10.1136/vr.105227.
5. Elliott K.F., et al, « A diet lower in digestible carbohydrate results in lower postprandial glucose concentrations compared with a traditional canine diabetes diet and an adult maintenance diet in healthy dogs », Res. Vet. Sci., 2012, 93 : 288-295.
6. Hewson-Hughes A.K., et al, « Postprandial glucose and insulin profiles following a glucose-loaded meal in cats and dogs », Br. J. Nutr., 2011, 106 : S101-S104.
Synthèse de l'étude : Description du pic hyperglycémique post-prandial chez le chien. Après un repas riche en glucose, l’insulinémie post-prandiale reste haute durant 30 à 120 mn.
7. Hill S.R., et al, « The effects of the proportions of dietary macronutrients on the digestibility, post-prandial endocrine responses and large intestinal fermentation of carbohydrate in working dogs », New Z. Vet J., 2009, 57 : 313-318.
8. Fleeman L, Rand J., « Diabetes mellitus: nutritional strategies », Encyclopedia of Canine Clinical Nutrition, 2006 : 204-227.
9. André A., et al., « Recovery of insulin sensitivity and optimal body composition after rapid weight loss in obese dogs fed a high-protein medium-carbohydrate diet », J. Anim. Physiol. Anim. Nutr (Berl.), 2017, 101 (Suppl 1) : 21-30
Synthèse de l'étude : Amélioration de la sensibilité à l’insuline après une perte de poids. Après amaigrissement obtenu grâce à un régime riche en protéines, la sensibilité à l’insuline s’améliore.