Tout déficit en protéines entraîne rapidement des répercussions visibles sur la peau et le pelage.
L’apport minimum recommandé en protéines est de 25% MS pour un chat adulte2 mais le besoin passe à 30-45% MS si un soutien cutané est recherché1.
Il faut que les protéines soient très digestibles et qu’elles apportent tous les acides aminés indispensables au métabolisme cutané. Il suffit en effet d’un acide aminé limitant dans la ration pour que les synthèses protéiques soient perturbées.
Avant de suspecter une intolérance ou une allergie alimentaire, un aliment destiné à favoriser la santé cutanée peut être conseillé en première intention. Cet aliment devra contenir un taux élevé de protéines animales. La kératine, constituant essentiel du stratum corneum de l’épiderme et des poils, est en effet essentiellement composée d’acides aminés soufrés (méthionine et cystéine), abondants dans les protéines d’origine animale.
La tendance de certains propriétaires à vouloir nourrir leur chat avec un aliment végétarien peut entraîner des carences. Des analyses faites sur 24 aliments végétariens (13 secs et 11 humides) pour chiens et chats a montré que dans 25 % des cas, les teneurs minimales en acides aminés indispensables recommandées par l’AAFCO n’étaient pas toutes respectées3.
Une attention particulière sera portée aux teneurs en glutamine et en arginine dans l’aliment. La glutamine est le substrat énergétique préférentiel des cellules à renouvellement rapide, comme les fibroblastes4. L’arginine est un précurseur de la proline, indispensable à la synthèse du collagène5.
Une carence en lysine peut être suspectée lors de l’apparition d’une dermatose croûteuse faciale chez des jeunes chatons, associée à un gain de poids insuffisant6. La lysine est un acide aminé essentiel sensible au process de fabrication. La carence peut également être causée par un aliment riche en collagène ou lorsque les protéines proviennent principalement des céréales6.
La pigmentation du pelage dépend d’un apport suffisant en phénylalanine et/ou en tyrosine, deux acides aminés aromatiques indispensables à la synthèse des mélanines. Si l’apport est insuffisant, un pelage noir prend des reflets roux et les poils de couleur fauve s’éclaircissent7. Pour obtenir un pelage noir intense chez un chat, le taux de tyrosine doit parfois être 1,5 à 2 fois plus élevé que le minimum recommandé pour un chat adulte2. Dans les sources de protéines végétales, seul le riz contient des quantités non négligeables de tyrosine8.
Dans une étude faite sur plus de 1400 cas de dermatologie féline, les allergies représentaient 32,7% des diagnostics9. Seulement 0,1% des chats présenterait une allergie alimentaire mais parmi eux, 30% seraient également sensibles à d’autres allergènes cutanés10.
Compte tenu de l’effet additionnel des allergènes, il est donc important de connaître les allergènes alimentaires les plus souvent impliqués pour proposer un régime d’éviction. Chez le chat, il s’agit surtout du bœuf, du poisson et de la volaille11.
Lors de dermatite par hypersensibilité alimentaire, les lésions siègent habituellement au niveau de la face, de la tête et du cou ; des signes digestifs sont également fréquemment présents12.
Des aliments à bases de protéines hydrolysées sont commercialisés pour aider au diagnostic et au traitement des allergies alimentaires. Mais même les protéines hydrolysées ne sont pas complètement dénuées d’allergénicité potentielle13. La variabilité des résultats observés avec des régimes à base de protéines hydrolysées s’explique par des degrés variables d’hydrolyse. Une hydrolyse incomplète ne supprime pas l’allergénicité des protéines. A l’inverse, une hydrolyse trop poussée peut entraîner l’apparition d’un goût amer, néfaste à l’appétence, ainsi que des troubles digestifs13.
Un taux élevé de protéines animales dans l’aliment garantit un apport important en acides aminés soufrés, essentiels au bon renouvellement des cellules de la peau et du pelage. L’expression de la couleur de la robe ne sera optimale que si l’apport en tyrosine et en acides aminés indispensables est suffisant pour garantir la synthèse de mélanine. Un nombre limité de sources de protéines réduit le nombre de sources potentielles d’allergie alimentaire.
Références
1. Roudebush P., Schoenherr W.D., « Skin and hair disorders », Small Animal Clinical Nutrition, 2010 : 637-643.
2. www.fediaf.org/images/FEDIAF_Nutritional_Guidelines_2019_Update_030519.pdf
3. Kanakubo K., et al., « Assessment of protein and amino acid concentrations and labeling adequacy of commercial vegetarian diets formulated for dogs and cats », J. Am. Vet. Med. Assoc., 2015, 247 : 385–392.
4. Mann G., « Nutrition et cicatrisation », le livre 2006 (www.cicatrisation.info).
5. Prélaud P., Harvey R., « Nutritional dermatoses and the contribution of dietetics in dermatology », Encyclopedia of Canine Clinical Nutrition, 2006 : 60-85.
6. Larsen J.A., et al., “ Skin lesions associated with lysine deficiency in kittens are characterized by inflammation”, Intern. J. Appl. Res. Vet. Med., 2014, 12 : 61.
7. Morris J.G., et al., “Red hair in black cats is reversed by addition of tyrosine to the diet”, J. Nutr., 2002, 132 : 1646S-1648S.
Synthèse de l'étude Plus de tyrosine alimentaire pour éviter le roussissement du pelage : Chez le chat, le besoin en tyrosine lié à la pigmentation peut largement dépasser le minimum recommandé pour l’entretien du chat.
8. www.facco.fr/la-tyrosine-et-la-phenylalanine/
9. Scott D.W., et al., “Feline dermatology at Cornell University: 1407 cases (1998-2003)”, J. Feline Med. Surg., 2013, 15 : 307-316.
10. www.banfield.com/state-of-pet-health/skin-allergies/food-allergies
11. Mueller R.S., et al, « Critically appraised topic on adverse food reactions of companion animals (2): common food allergen sources in dogs and cats », BMC Vet. Res., 2016, 12 : 9.
Synthèse de l'étude Allergènes alimentaires les plus fréquents chez le chien et le chat : Le bœuf, le poisson et la volaille sont les principaux responsables d’allergie alimentaire chez le chat.
12. Hobi S., “Clinical characteristics and causes of pruritus in cats: a multicentre study on feline hypersensitivity-associated dermatoses”, Vet. Dermatol., 2011, 22 : 406-413.
13. Abraham J.L., « Feline Food allergy », in August’s Consultation in Feline Internal Medicine, 2016, 7, 28 : 307-316.