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Besoins nutritionnels du chat, spécificités du chat stérilisé

Dr Charlotte Devaux
Vétérinaire nutritionniste - titulaire du CES de diététique canine et féline - Créatrice du podcast La Truffe dans la Gamelle

Pourquoi le chat a-t-il des besoins nutritionnels plus exigeants que ceux du chien ? Quelle est l’influence de la stérilisation sur les recommandations alimentaires dans cette espèce ? Mise au point.

Le chat un animal hyperspécialisé

Le chat a la particularité de s’être hyper adapté à son régime de petites proies. Il a ainsi éliminé les voies métaboliques dont il n’avait pas l’usage en consommant son régime ancestral. Cela a eu pour résultat une économie importante d’énergie. Les chats ont ainsi un besoin énergétique inférieur de 23% à celui d’un chien de même poids. Cependant cette hyperspécialisation a comme conséquence une moins grande flexibilité métabolique. Ainsi les chats ne sont pas capables de synthétiser la taurine à partir de la cystéine ou la méthionine, la vitamine A à partir du beta carotène, l’acide arachidonique à partir d’acide linoléique ou l’EPA et le DHA à partir de l’acide alpha-linolénique. Les chats sont alors dépendants des produits animaux contenus dans leur alimentation pour leur apporter tous ces composés essentiels à leur bonne santé. 

 

Un métabolisme orienté vers les protéines

Une autre adaptation des chats à leur régime ancestral très riche en protéines est l’utilisation de celles-ci pour produire de l’énergie et du glucose. Les chats ont alors un catabolisme protéique obligatoire, même en leur fournissant des lipides et glucides en plus grande quantité ils continuent de consommer beaucoup de protéines. Leur capacité de digestion de l’amidon est aussi limitée par le faible nombre d’enzymes. Lorsqu’ils ont le choix les chats choisissent de limiter leur consommation d’amidon (Hewson-Hughes, Hewson-Hughes, et al. 2011) (Salaun et al. 2017) et lorsque les glucides représentent plus de 40% de l’énergie métabolisable de leur ration une hyperglycémie post prandiale apparaît (Hewson-Hughes, Gilham, et al. 2011).

 

Le chat stérilisé un animal prédisposé au surpoids

La stérilisation du chat a pour effet de diminuer son besoin en énergie et donc de le prédisposer au surpoids et aux affections du bas appareil urinaire, en particulier si le chat est sédentaire (sans accès libre à l’extérieur). La prévention du surpoids est ainsi une composante majeure de la nutrition du chat stérilisé. Celle-ci passe un abandon de l’alimentation ad libitum au profit de la distribution d’une quantité contrôlée dans des jouets distributeurs. Pour optimiser la masse maigre, seul ensemble de tissu consommant de l’énergie, une alimentation riche en protéines de bonne qualité ainsi qu’un exercice régulier sont nécessaires. Les chats d’intérieur devront ainsi être stimulés par leurs propriétaires pour jouer au moins une fois par jour. 

 

Protéines et prévention du surpoids

Les protéines ont aussi la particularité d’être des sources énergétiques ayant un mauvais rendement. Ainsi si l’énergie métabolisable d’un gramme de protéines est égale à celle d’un gramme de glucides, l’énergie nette disponible pour l’organisme est inférieure pour les protéines par perte d’extra chaleur lors de la combustion. Les protéines ont aussi un effet satiétogène par la sécrétion de cholécystokinine lors de leur arrivée dans le duodénum, cependant chez le chat cette propriété est à mettre en balance avec la grande appétence des protéines dans cette espèce. Ainsi même les aliments riches en protéines devront être distribués dans des gamelles ludiques pour aider à la régulation de la prise alimentaire.
 

 

Références

  • Hewson-Hughes, Adrian K., Matthew S. Gilham, Sarah Upton, Alison Colyer, Richard Butterwick, and Andrew T. Miller. 2011. “The Effect of Dietary Starch Level on Postprandial Glucose and Insulin Concentrations in Cats and Dogs.” The British Journal of Nutrition 106 Suppl 1 (October): S105-109. https://doi.org/10.1017/S0007114511001887.
  • Hewson-Hughes, Adrian K., Victoria L. Hewson-Hughes, Andrew T. Miller, Simon R. Hall, Stephen J. Simpson, and David Raubenheimer. 2011. “Geometric Analysis of Macronutrient Selection in the Adult Domestic Cat, Felis Catus.” The Journal of Experimental Biology 214 (Pt 6): 1039–51. https://doi.org/10.1242/jeb.049429.
  • Salaun, F., G. Blanchard, L. Le Paih, F. Roberti, and C. Niceron. 2017. “Impact of Macronutrient Composition and Palatability in Wet Diets on Food Selection in Cats.” Journal of Animal Physiology and Animal Nutrition 101 (2): 320–28. https://doi.org/10.1111/jpn.12542.