Quels que soient les bénéfices nutritionnels attendus de l’alimentation humide, les effets de la teneur en eau de l’aliment doivent évidemment être étudiés en fonction de la composition de l’aliment.
En diminuant la densité urinaire et en augmentant le volume des urines, les aliments humides présentent un intérêt majeur pour prévenir l’ensemble des MBAU, qu’il s’agisse de la formation des calculs urinaires ou de la cystite idiopathique féline1.
Une teneur en eau élevée dans l’alimentation du chat n’est pas le seul facteur permettant de limiter le risque de MBAU : pour obtenir une réponse efficace et diminuer la saturation urinaire en oxalate de calcium et en struvite2, il faut aussi maîtriser d’autres facteurs de la formulation des aliments humides.
Le risque de MBAU chez le chat est en effet étroitement lié à la fréquence des repas, l’équilibre ionique de l’aliment, sa teneur en minéraux (ex. : calcium, magnésium), sa richesse en matières grasses, sa digestibilité... Tous ces facteurs influencent notamment le pH urinaire et la diurèse.
Savoir si « l’encombrement digestif » dû à l’eau consommée avec le repas peut aider à limiter la prise de poids chez le chat est un sujet très discuté.
Pour certains auteurs, l’alimentation humide permet de diminuer la quantité de calories ingérées3, 4 alors que d’autres estiment que l’ingéré calorique global ne serait pas modifié par la teneur en eau de l’aliment5.
Ici aussi, l’influence de l’humidité de l’aliment devrait évidemment être étudiée en fonction de la composition chimique de l’aliment.
Les aliments humides aident à la gestion de certaines maladies.
Il semble en revanche que l’aliment humide contribue à prévenir l’apparition du diabète sucré. En effet, chez les chats présentant un poids normal, le risque de diabète est multiplié par 3,8 s’ils consomment des croquettes plutôt que des aliments humides6, 7. Sous réserve de la composition de l’aliment, distribuer la majeure partie de la ration sous forme humide semble très favorable au chat stérilisé et sédentaire.
En pratique, l’alimentation d’un chat sédentaire stérilisé pourrait avantageusement être constituée de 5 à 10 g de croquettes, et le reste de ses besoins sous forme d’un aliment humide, pauvre en amidon et riche en protéines, donné en 4 repas.
Malgré le faible pourcentage de chats consommant exclusivement des aliments humides, ce type d’alimentation représente une vraie chance pour de nombreux animaux.
C’est un moyen simple d’améliorer la consommation d’eau et d’aliment chez les chats naturellement petits buveurs, ceux ayant des problèmes d’appétit, les très jeunes et les vieux chats.
Cette présentation, accompagnée d’une formulation adéquate, présente aussi un intérêt majeur pour prévenir les rechutes de MBAU, que ce soit les lithiases ou la cystite interstitielle féline, pour prendre en charge les animaux diabétiques et même éviter que les chats même sains et minces ne deviennent diabétiques.
Il est donc nécessaire de redonner une place à ce type d’aliment.
Bibliographie
1. FORRESTER S., ROUDEBUSH P., « Evidence-based management of feline lower urinary tract disease », Vet. Clin. North Am. Small Anim. Pract., 2007, 37, 533-558.
2. BLANCHARD G. et al., « Beneficial effects of a prescription home-prepared diet and of zucchini on urine calcium oxalate supersaturation and urinary parameters in adult cats », J. Fel. Med. Surg., 2022, https://doi. org/10.1177/1098612X211067931.
3. SEEFELDT S.L., CHAPMANT.E., « Body water content and turnover in cats fed dry and canned rations », Am. J. Vet. Res., 1979, 40, 183-185.
4. LINDER D.E., PARKER V.J., « Dietary aspects of weight management in cats and dogs », Vet. Clin. North Am. Small Anim. Pract., 2016, 46, 869-882.
5. KANE E. et al., « Feeding behavior of the cat fed laboratory and commercial diets », Nutr. Res., 1981, 1, 499-507.
6. ÖHLUND M. et al., « Environmental risk factors for diabetes mellitus in cats », J. Vet. Intern. Med., 2017, 31, 29-35.
7. SALLANDER M. et al., « Prevalence and risk factors for the development of diabetes mellitus in Swedish cats», Acta Vet. Scand., 2012, 54, 61.