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Temps de lecture : 3 minutes

Le chat, ce carnivore strict

Dr Agnès Batard
DMV, Global medical manager Petfood, Virbac

Le chat est incapable d’épargner les protéines.
Un carnivore se nourrit à partir de produits animaux, c’est-à-dire que son alimentation est composée essentiellement de protéines et de matières grasses. Le chat est un carnivore strict car seule la consommation de produits animaux peut couvrir certains besoins en nutriments essentiels : il est par exemple incapable de synthétiser la taurine et l’acide arachidonique en quantité suffisante ou de convertir le bêta-carotène en vitamine A1.

Le maintien de la bonne santé du chat exige une alimentation riche en protéines.

Malgré presque 10 000 ans de domestication, l’anatomie, la physiologie et le comportement du chat sont restés adaptés à un régime carnivore et son alimentation doit en tenir compte2.


 

La néoglucogenèse, une source majeure de glucose

Le glucose est la molécule de base du métabolisme énergétique chez les mammifères et le maintien d’un taux adéquat de glucose dans le sang conditionne le bon fonctionnement de l’organisme. Le chat ayant un relativement gros cerveau, sa consommation de glucose est importante : après une nuit de jeûne, le cerveau capte 30 % du glucose produit par la voie de la néoglucogenèse3, la voie métabolique privilégiée par le chat pour produire de l’énergie.

La néoglucogenèse consiste à produire du glucose à partir de précurseurs non-glucidiques, essentiellement des acides aminés. Leur catabolisme passe surtout par deux cycles métaboliques : après désamination, la partie azotée des acides aminés entre dans le cycle de l’urée tandis que les squelettes carbonés résiduels sont transformés, grâce à différentes voies métaboliques, en acétyl-CoA, en oxaloacétate, en pyruvate, etc.

La voie de la néoglucogenèse exige une fourniture régulière en substrats. Chez un carnivore, l’intensité de la néoglucogenèse est maximale en phase postprandiale alors que chez un omnivore, le maximum d’intensité est atteint quelques heures après la phase d’absorption ou pendant le jeûne. Cela peut expliquer que le chat, chez qui la néoglucogenèse est particulièrement active, ait besoin de manger fréquemment4.

 

Conséquences du catabolisme protéique intense

En cas de déficit en protéines, les omnivores réduisent l’intensité du catabolisme protéique pour maintenir leur pool d’acides aminés. Chez le chat en revanche, l’activité des aminotransférases hépatiques ne varie pas selon la teneur protéique du régime2 ; la néoglucogenèse reste active et les pertes azotées sont importantes. Le besoin protéique du chat est donc plus élevé que celui d’un mammifère de même taille non carnivore.

Une étude sur des chats sauvages a montré que, face à un régime pauvre en protéines, la morphologie histologique de la muqueuse intestinale se modifie : les villosités s’allongent, les cryptes se creusent et l’épithélium s’épaissit. Cette adaptation permet d’optimiser l’absorption des acides aminés et de couvrir les besoins minimums vitaux5.

Lorsque l’apport protéique est insuffisant, les acides aminés glucoformateurs sont puisés dans le stock de protéines ayant un rôle structurel ou fonctionnel et cela peut entraîner une fonte musculaire ou des dysfonctionnements organiques.

 

Une préférence nette des chats pour les protéines !

L’étude du comportement alimentaire des chats féraux a montré qu’en moyenne, leur régime lié à la chasse est composé de 63% de protéines, de 23% de lipides, de 11% de matières minérales et de 3% de glucides (sur matière sèche ou MS)6. Sur le plan énergétique, 52% de leurs calories proviennent des protéines, 46% des matières grasses et seulement 2% des glucides.

Des travaux visant à évaluer les préférences des chats domestiques adultes ont par ailleurs montré que s’ils ont le choix, les chats choisissent systématiquement un aliment riche en protéines plutôt qu’un aliment riche en glucides. Si les chats n’ont accès qu’à un aliment riche en glucides, ils limitent leur consommation à 72 kcal de glucides (soit 20% de l’apport énergétique) ; la prise alimentaire s’interrompt au-delà de ce plafond, quitte à ce que la consommation protéique soit inférieure aux besoins du chat7.

S’ils en ont la possibilité, les chats absorbent en moyenne 26 g de protéines, 9 g de lipides et 8 g de glucides par jour. Cela correspond à un apport énergétique journalier composé de : 52% de protéines, 36% de lipides et 12% de glucides, soit un équilibre nutritionnel très proche de celui observé chez les chats féraux8.

 

En conclusion, la physiologie du chat est adaptée à un régime alimentaire contenant beaucoup de protéines. Il possède une aptitude très limitée à digérer les glucides et il n’est pas fait pour puiser son énergie majoritairement dans les sources glucidiques.

 

A lire sur ce thème

Quelques clés à propos des besoins nutritionnels du chat

Les besoins en macronutriments du chat.
Un besoin nutritionnel correspond à la quantité théorique qu’il faut apporter d’un nutriment pour couvrir la demande métabolique. C’est l’apport minimum que l’animal doit recevoir pour lui permettre de vivre sans que ses fonctions physiologiques ne soient perturbées. En formulant des recommandations nutritionnelles, le vétérinaire doit aussi prendre en compte la généralisation du surpoids dans l’espèce féline.

Effets potentiellement négatifs d’un régime trop riche en amidon sur la santé du chat

Effets sur la digestion, la condition corporelle et la régulation de la glycémie.
Outre l’intérêt économique, l’incorporation d’amidon dans les aliments secs pour chats peut se justifier par un intérêt technologique : un minimum d’amidon est nécessaire pour obtenir l’expansion et la consistance adéquates d’une croquette. Si un plafonnement strict de son incorporation n’est pas réalisé, des conséquences négatives non négligeables peuvent cependant apparaître à différents niveaux.

Un régime riche en protéines aide à optimiser la condition corporelle du chat

Maintenir un poids optimal et prendre en charge le surpoids grâce à un régime hyperprotéique
Dans les pays développés, environ 30% des chats seraient en surpoids (de 10 à 20% d’excès de poids) et 10% obèses (> 20% d’excès de poids)1; la prévalence de ce phénomène continue d’augmenter. L’obésité féline est favorisée par la stérilisation et a tendance à se développer très vite : le risque d’être en surpoids ou obèse à 2 ans est multiplié par 10,7 si c’est déjà le cas pour le chat à l’âge d’un an2.

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Références

1. McDonalds M.L., et al, “ Nutrition of the domestic cat, a mammalian carnivore”, Ann. Rev. Nutr., 1984, 4 : 521-562

2. Zoran D.L., “The carnivore connection to nutrition in cats”, J. Am. Vet. Med. Assoc., 2002, 221 : 1559-1567.

3. Eisert R., “ Hypercarnivory and the brain: protein requirements of cats reconsidered”, J. Comp. Physiol. B, 2011, 181 : 1-17.
Synthèse de l'étude : Le cerveau d’un hypercarnivore : reconsidération des besoins protéiques
Le besoin protéique très élevé du chat est lié à l’intensité de la néoglucogenèse chez cet hypercarnivore.

4. Bradshaw J.W.S., et al, “Food selection by the domestic cat, an obligate carnivore”, Comp. Bioch. Physiol. Part A: Physiology, 1996, 114 : 205-209.

5. Thomas D.G., et al., “Effect of low-protein diet on gut morphology in cats”, Suppl. to Compendium: Continuing Education for Veterinarians, 2008, 30 : 61.

6. Plantinga E.A., et al., “Estimation of the dietary nutrient profile of free-roaming feral cats: possible implications for nutrition of domestic cats”, Br. J. Nutr., 2011, 106 : S35-S48.

7. Hewson-Hughes A.K., et al., “Geometric analysis of macronutrient selection in the adult domestic cat, Felis catus”, J. Exp. Biol., 2011, 214 : 1039-1051.

8. Hewson-Hughes AK, et al., “Consistent proportional macronutrient intake selected by adult domestic cats (Felis catus) despite variations in macronutrient and moisture content of foods offered”, J. Comp. Physiol. B, 2013, 183 : 525-536.
Synthèse de l'étude : Préférences nutritionelles exprimées par les chats en présence d'aliments différents
Le chat tend à reproduire l’équilibre d’un régime carnivore même en présence d’aliments de textures et de taux d’humidité différents.