📌 En 2024, COQC a été renommé DAY 1 📌
Sarah Waechter (vétérinaire) : le projet COQC, « suite logique pour avoir du recul sur les données »
Sarah Waechter est vétérinaire au sein d’une clinique basée à Hochfelden (Bas-Rhin) et spécialisée à 90% dans la clientèle bovine. Elle nous explique pourquoi elle a choisi d’intégrer le projet COQC (Conseil et Observatoire de la Qualité Colostrale) de Virbac, et comment elle améliore la santé des veaux et ses relations avec les éleveurs grâce aux suivis colostraux.
"Les résultats de COQC sont utiles aux éleveurs pour se comparer entre pairs, mais également aux vétérinaires qui obtiennent une connaissance plus fine des pratiques zootechniques. Leur rôle de prescripteur est facilité et ils peuvent ainsi faire évoluer les habitudes d’élevages bovins".
Au sein de la clinique, nous essayons de développer la prévention. Notre clientèle du côté des bovins se répartit entre vaches laitières (55%) et allaitantes (45%), ce qui implique une forte saisonnalité des vêlages et pathologies néonatales des veaux. Il nous arrive donc de proposer à nos éleveurs des services de suivi à la fois pour les laitières (reproduction) et les allaitantes (échographies, suivi des veaux). Ces services peuvent être des suivis globaux ou à la carte.
Nous faisions déjà des suivis colostraux lorsqu’on décelait des problèmes chez les veaux. Selon moi, c’est toujours le point de départ lorsque l’on observe un problème important, car cela peut venir de la préparation vêlage qui n’est pas correctement menée. C’est presque systématique, quand il y a un problème chez les veaux, il faut se tourner vers la mesure de la qualité du colostrum pour avoir du recul. Cela nous permet de mieux connaître les pratiques de l’éleveur (quantité de colostrum distribuée, méthode de distribution, vaccination, complémentation oligo…). Si les veaux ne profitent pas bien ou tombent malade, on se penche sur la qualité colostrale.
C’est pourquoi, nous avons tout de suite adhéré au projet COQC lorsqu’il nous a été présenté par notre délégué Virbac. Ce projet était la suite logique pour avoir du recul sur les données que nous récoltions chez nos éleveurs. C’est très intéressant de connaître avec exactitude les différents facteurs qui jouent un rôle sur la qualité du colostrum et d’avoir les données concrètes pour appuyer notre discours auprès des éleveurs.
On a dû s’adapter aux différents profils des éleveurs de notre clientèle. Certains jeunes éleveurs veulent faire progresser leurs pratiques et sont intéressés. Ils sont même demandeurs et adhèrent très vite au projet COQC. D’autres, souvent des éleveurs plus âgés, n’ont pas nécessairement envie de changer leurs pratiques. La réceptivité au projet COQC dépend de la mentalité et de l’envie de chacun.
Pour suivre le projet COQC, on a choisi des éleveurs motivés, qui étaient demandeurs d’un accompagnement pour faire progresser leur élevage et la préparation au vêlage. Il s’agit d’éleveurs qu’on connaissait et dont on savait qu’ils allaient jouer le jeu pour voir s’il y avait quelque chose à faire pour améliorer les performances de leur élevage.
On a également sélectionné des éleveurs qui avaient régulièrement des soucis avec la santé de leurs veaux, car dans la mesure où ils faisaient déjà l’effort de mesurer la qualité des colostrums de leurs vaches il était logique de leur proposer de participer au projet pour consolider les données sur leur élevage.
Aujourd’hui, nous travaillons avec 10 éleveurs qui suivent le projet COQC et une vingtaine d’autres qui mesurent des qualités colostrales de temps à autre.
Les retours sont bons à partir du moment où les éleveurs y voient un intérêt propre. Ça les motive sur le long-terme.
Jusqu’à présent, les éleveurs qui mesuraient la qualité de leurs colostrums n’avaient pas de moyens de se comparer. Ils avaient du mal à prendre du recul sur leurs pratiques d’élevage comme la gestion des vaches taries, les antiparasitaires… Ils faisaient ça le plus souvent sur une feuille de papier, mais ne bénéficiaient pas de données comparatives. Grâce au projet COQC, ils ont un récapitulatif avec un rapport et ils voient ce qui influe sur la qualité de leur colostrum.
Au sein de la clinique, on a été agréablement surpris des résultats sur un certain nombre de cas. Par exemple, un éleveur qui devait faire du douvicide au tarissement, a réalisé qu’à chaque fois qu’il oubliait de le faire, le colostrum était moins bon. Dans un autre élevage, on a pu réaliser que les vaches vaccinées contre les diarrhées néonatales avaient un meilleur colostrum, alors qu’elles prennent la même préparation vêlage que les vaches non vaccinées.
En termes d’accompagnement, c’est confortant pour certains éleveurs dans le choix de leurs pratiques. Comme on a pu le voir pour le douvicide, l’éleveur a eu la preuve de l’importance et il ne va pas arrêter.
Pour les éleveurs qui ont suivi le projet COQC, le fait que nous ayons mené ce projet ensemble a permis de conforter la confiance qu’ils avaient en nous. Nos conseils sont maintenant appuyés d’éléments matériels concrets.
Si le projet n’a pas révolutionné notre approche sur la médecine de troupeau, il nous a tout de même appris à prendre en compte certaines pratiques des éleveurs qu’on ne pensait pas à inclure dans notre approche avant. Il nous a aussi appris à mieux connaître les élevages de nos clients et à améliorer le ciblage autour de la prévention. Cet accompagnement a révélé l’importance de souligner la nécessité de certaines pratiques qui pouvaient nous sembler évidentes, mais qui ne l’étaient pas forcément pour les éleveurs.
Perrine Ludwig (éleveuse) : la mesure colostrale est « à la portée de tout le monde »
Perrine Ludwig, qui gère une exploitation de vaches allaitantes dans le Bas-Rhin (Alsace) a rejoint le projet COQC (Conseil et Observatoire de la Qualité Colostrale) pour améliorer le suivi colostral de son élevage. Elle se réjouit d’une méthodologie qui permet de suivre et d’améliorer facilement la santé de ses veaux.
J’ai très bien réagi parce que c’est un sujet qui m’intéresse. J’ai travaillé 10 ans dans la génétique bovine avant de m’installer, et je connais bien le sujet. On en parle beaucoup entre agriculteurs et on voit bien les différences entre les éleveurs qui font vraiment attention au suivi colostral et les autres. J’étais donc curieuse de voir la qualité du colostrum dans mon exploitation en fonction de mes vaches. Comme tous les agriculteurs, je n’avais pas beaucoup de temps disponible, mais je ne voulais pas rater cette opportunité. J’ai donc tout de suite dit oui, même si j’étais un peu inquiète sur le nombre de prélèvements à réaliser. La vétérinaire m’a rassuré et m’a dit que je pourrais prélever le colostrum sur la moitié des vaches seulement, ce qui était beaucoup plus simple pour moi dans la mesure où j’ai une période de vêlage un peu étalée et qu’une partie du troupeau vêle directement au champ où ce n’est pas évident de leur courir après pour effectuer les prélèvements.
La mise en place n’a pas été contraignante. J’ai tout fait en version papier car c’était plus simple pour moi. L’ordinateur n’est pas à proximité de l’étable et la gestion par le téléphone ne me convenait pas. Etant présente lors des vêlages, il était facile et rapide pour moi de récupérer quelques gouttes de colostrum que je mettais dans un petit Tupperware. Ensuite, j’analysais l’échantillon au réfractomètre et j’écrivais les résultats lus directement sur mon papier. A la fin, j’ai recopié les données dans le logiciel sur l’ordinateur. Ça allait extrêmement vite.
En tout, cela me prenait entre 5 et 10 minutes par jour au grand maximum. Après le prélèvement, j’écrivais rapidement le numéro de travail, la valeur brix du colostrum, le rang de vêlage et la date du jour. Les autres informations je les ai remplis ultérieurement, car on fait les ajouts (type antiparasitaire, complémentation,…) en lot dans notre exploitation et je note tout dans mon carnet d’élevage avec la date.
Pour ce qui est de l’accompagnement, on a eu deux réunions : une première en amont sur l’utilisation du réfractomètre et des documents à remplir et une seconde qui était très intéressante car on a pu échanger avec d’autres personnes ayant participé au projet COQC et qui ont pu partager les points forts et les difficultés qu’elles avaient rencontrées.
Pour moi, c'est à la portée de tout le monde et au final ça peut faire gagner énormément de temps. Les agriculteurs n’ont jamais beaucoup de temps, mais un veau malade ou qui a la diarrhée me prend cent fois plus de temps que les prélèvements, sans compter le stress que ça génère.
La participation au projet COQC m’a confortée au niveau de mes animaux car les colostrums étaient plutôt bons. Je me suis dit que ce que nous mettions en place en matière de complémentation notamment n’était pas si mal.
J’ai également eu par exemple une vache dont le niveau de colostrum était vraiment bas. J'ai pu décongeler du colostrum que j’avais en stock pour le donner au veau immédiatement. Les mesures de la qualité colostrale permettent de conserver de bons colostrum pour les distribuer aux veaux qui en ont besoin et ainsi d’anticiper d’éventuels problèmes.
Je continue cette année sur toutes les génisses car je veux absolument connaître la qualité de leur colostrum. Pour les autres, si l’occasion se présente et que j’ai le tube pour récolter je le fais. Je me suis également amusée à mesurer le colostrum après 4 heures, puis 6h, puis 12h sur quelques vaches sympas, pour voir comment la qualité baissait et c'est vrai que ça baisse très vite en fait.
Je pense que tout le monde devrait mesurer la qualité colostrale. Cela devrait même être obligatoire et on aurait beaucoup moins de problèmes sur les petits veaux. J’entends les éleveurs qui disent qu’ils n’ont pas le temps, mais dans ce cas il ne faut pas se plaindre quand on a des problèmes sur les veaux.