Pour faire face aux pathogènes de son environnement, l’arsenal immunitaire du veau nouveau-né est incomplet. De plus, les anticorps maternels reçus via le colostrum (immunité passive) perdent de leur efficacité au cours des 15 premiers jours, alors qu’il faudra au veau quelques semaines pour développer ses propres défenses immunitaires (immunité acquise).
Du fait de ce système de défense trop faible, il est courant que les jeunes bovins souffrent de diarrhées néonatales et de maladies respiratoires, à l’origine de morbidité et mortalité dans le troupeau.
Limiter l’occurrence de ces affections, c’est améliorer le bien-être des veaux, mais aussi les aider à mieux se développer, réduire la consommation d’antibiotiques de l’élevage et, au global, gagner en efficacité technico-économique.
Une complémentation en oligo-éléments du veau nouveau-né est un des leviers pour y arriver. En effet, les oligo-éléments, même à l'état de traces, sont cruciaux pour le bon fonctionnement de l’organisme et, en particulier, du système immunitaire. Parmi ces composants, le cuivre, le zinc et le sélénium jouent un rôle essentiel dans les réactions d’oxydoréduction. Or, les cellules immunitaires sont les plus sensibles au stress oxydatif, qui résulte d’un déséquilibre entre les substances oxydantes produites par le métabolisme et les capacités de défense antioxydantes de l’organisme, dont peuvent particulièrement souffrir les veaux dans leurs premières semaines de vie.
Pour une étude menée dans quatre exploitations néo-zélandaises, Andrew Bates, vétérinaire au Center for dairy excellence, a complémenté des veaux, par voie injectable, 24 h après la naissance, puis à 35 jours d’âge et 70 jours d’âge1.
Cet apport s’est traduit par une très nette réduction de la morbidité et de la mortalité au sein du groupe de jeunes bovins. Sur la période de 3 à 35 jours, le taux de mortalité était de 4,4 % pour les veaux ayant reçu l’apport d’oligo-éléments contre 10,4 % pour le lot témoin. Les veaux ayant reçu un apport d’oligo-éléments ont aussi deux fois moins souffert de diarrhées que ceux du lot témoin.
« Cette étude montre l’effet bénéfique d’un apport d’oligo-éléments sur le fonctionnement du système immunitaire inné (fonction neutrophilique notamment) et adaptatif (réponses cellulaire et humorale), souligne Nicolas Herman, vétérinaire à Riom-ès-Montagnes (15). Les oligo-éléments augmentent les capacités antioxydantes, ce qui permet une meilleure réponse immunitaire à des moments où le système immunitaire est le plus sollicité. »
Référence :
1. Bates A. ; Wells M. ; Laven R. ; Simpson M. Reduction in morbidity and mortality of dairy calves from an injectable trace mineral supplement. Vet Record 2019;184(22):680