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Tarissement : Identification des pathogènes majeurs [Approches analytiques validées et recommandées]

[Drs Guillaume Lequeux et Olivier Salat] Cet article explore les principaux agents bactériens responsables des mammites bovines au tarissement et détaille les méthodes et techniques de diagnostic microbiologique essentielles pour une identification précise de ces germes clés.

Bactériologie du tarissement : 
que nous apprennent les études récentes ? 

 

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Dr Guillaume Lequeux
DVM, Chef de service microbiologie vétérinaire LABOCEA Fougères Membre de la commission « Qualité du lait » de la SNGTV
 

Lors de leur tarissement, les vaches peuvent être porteuses de germes, qui sont ou non à l’origine d’infections. Les infections subcliniques présentes en fin de lactation sont la cible du traitement curatif éventuellement nécessaire au tarissement. Plusieurs études récentes permettent de décrire l’importance relative des différents pathogènes mammaires au tarissement :

  • Étude multicentrique de Bradley et al. en 2015, 12 fermes européennes, 1816 quartiers analysés au  moment du tarissement, sans critère particulier.
  • Etude de Bareille et al. en 2018, 42 fermes françaises, 1611 quartiers de vaches infectées subcliniques dans le dernier mois de lactation.
  • Etude de la clinique vétérinaire de Haute-Auvergne entre 2017 et 2018, 304 vaches au moment du tarissement (à noter ici, isolement de Corynebacterium bovis considéré comme une absence de pousse).

Les principaux résultats sont résumés dans la figure suivante :

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 1 à 2/3 des résultats présentent une absence de pousse.

 2 pathogènes mineurs : Corynebacterium bovis et les Staphylocoques Non Aureus (SNA) représentent à eux seuls entre 55 et 75 % des résultats bactériologiques positifs.

 Les germes GRAM positifs pathogènes majeurs peuvent être isolés dans 15-20 % des cas environ.

 Les germes GRAM négatifs sont en revanche peu fréquemment isolés (2 à 3 % des cas), Escherichia coli étant alors la principale espèce retrouvée.

 Parmi les SNA, 4 espèces seulement représentent 85 % des isolats : Staphyloccocus chromogenes, haemolyticus, epidermidis et xylosus.

 

Ainsi, les germes isolés des quartiers de vaches au tarissement :

 Appartiennent très majoritairement à des espèces pathogènes mineures.

 Sont dans leur très grande majorité des GRAM positifs.

 Peuvent être dans des proportions non négligeables (jusqu’à 15 – 20 %) des pathogènes majeurs GRAM positifs.

 

Le traitement curatif au tarissement, lorsqu’il s’avère nécessaire, devra ainsi cibler en particulier les germes GRAM positifs, notamment streptocoques et staphylocoques.


 

Références : 

  • Bareille (S.), Luca (J.), Lebouef (F.) Prévalence en France des germes isoles de mammites subcliniques le mois précédant le tarissement. Proceedings JNGTV Nantes 2018, p. 159-172.
  • Bradley AJ, De Vliegher S, Green MJ, Larrosa P, Payne B, van de Leemput ES, Samson O, Valckenier D, Van Werven T, Waldeck HW,
  • White V, Goby L. An investigation of the dynamics of intramammary infections acquired during the dry period on European dairy farms. J Dairy Sci. 2015 Sep;98(9):6029-47.
  • SNGTV – Référentiel pour le traitement sélectif au tarissement – Edition Septembre 2023.

 

Les analyses bactériologiques / techniques les plus pertinentes en clinique lors du tarissement
 

dr-olivier-salatDr Olivier Salat
DVM, clinique vétérinaire de la Haute Auvergne à Saint-Flour CEAV « Qualité en production bovine laitière » Diplômé de l’European College of Bovine Health Management. Membre des commissions « Vaches Laitières » et « Qualité du lait » de la SNGTV
 

L’identification des vaches infectées est le nouveau challenge associé à la mise en oeuvre du traitement sélectif au tarissement. Il existe deux moyens pour parvenir à cet objectif :

  • Mesurer les traces d’une inflammation, soit par le comptage des leucocytes dans le lait avec ou sans leurs différenciations (Fossomatic, Delaval cell counter, California Mastitis Test), soit par la détection d’enzymes inflammatoires ou de composants leucocytaires.
  • Détecter directement une infection grâce aux analyses bactériologiques.

En théorie, c'est le dernier évidemment le plus fiable. Il existe plusieurs techniques d’analyses bactériologiques dont 2 essentiellement sont employées pour détecter les vaches infectées au tarissement :

  • La culture bactérienne = faire pousser la bactérie et l’identifier par quelques tests phénotypiques ;
  • Les analyses moléculaires = recherche d’éléments propres à la bactérie, en l’occurrence des fragments d’ADN, par PCR [Polymerase Chain Reaction] ou LAMP [Loop isothermal AMPlification] (tableau 1).
     

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Tableau 1 : Avantages et inconvénients des analyses bactériologiques réalisables en ESV


Ces dernières années ont vu le développement d’analyses bactériologiques réalisées dans les établissements de soins vétérinaires (ESV). Les outils employés sont divers et apportent des renseignements plus ou moins complets selon l’outil employé (tableau 2).

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Tableau 2 : Tests d’analyses bactériologiques utilisables en ESV (GMC = géloses multicompartimentées)

De même, la technique requise et les compétences nécessaires sont très variables d’un test à l’autre. Dans le cadre de la détection de vaches infectées au tarissement, les tests Pétrifilm (Cameron et al. 2014), GMC (Minnesota culture system) (Patel et al. 2016), Mastatest (Saila et al. 2023) et Patho 12 (communication personnelle) ont fait la preuve de leur efficacité.

 

Références : 

  • Cameron, M., G. P. Keefe, J. P. Roy, I. R. Dohoo, K. A. Macdonald, and S. L. McKenna. 2013. Evaluation of a 3M Petrifilm onfarm culture system for the detection of intramammary infection at the end of lactation. Prev. Vet. Med. 111:1–9. http://dx.doi. org/10.1016/j.prevetmed.2013.03.006.
  • Patel, K., S. Godden, E. Royster, J. Timmerman, B. Crooker, and N. McDonald. 2017. Pilot study: Impact of using a cultureguided selective dry cow therapy program targeting quarter-level treatment on udder health and antibiotic use. Bov. Pract. 51:48–57.
  • Saila S, Bork O, Tucker IG, Cranefield S, Bryan MA. Evaluation of an on-farm culture system for the detection of subclinical mastitis pathogens in dairy cattle. JDS Commun. 2023 Feb 24;4(4):298-302.

 

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