Le premier point à vérifier est la présence réelle de diarrhée.
En effet les fientes caecales émise par les poules sont plus liquides et de couleur différente des fientes habituelles, et elles peuvent passer pour de la diarrhée (Figure 1). Elles sont émises de manière intermittente, quotidienne, souvent le matin.
Des fientes plus habituelles sont émises tout au long de la journée.
Figure 1 : fiente caecale normale, de consistance plus liquide que les fientes habituelles, de couleur homogène, caramel, sans bulles (photo : S. Larrat).
En cas de réelle diarrhée, le diagnostic différentiel inclut en effet des maladies parasitaires. Cela dit, il est impossible de savoir uniquement sur la base de l'aspect macroscopique ou de l'examen clinique à quel type de parasite l'oiseau est confronté. Cela signifie donc qu'il est impossible de choisir le bon traitement sans aller un peu plus loin dans les examens.
Le premier réflexe est donc de proposer une coproscopie afin de déterminer quel parasite est présent, de choisir le traitement, et de pouvoir contrôler après le traitement s'il a été efficace ou si des résistances sont présentes.
Les principaux parasites qu'il faut savoir différencier sont les coccidies d'une part et les œufs de nématodes d’autre part. Les coccidies sont le plus souvent assez rondes, et sont systématiquement de taille plus petite (± 20µm) que les œufs de nématodes (Figure 2). Leur paroi est relativement fine, et elles peuvent contenir soit une cellule amorphe avant sporulation, soit plusieurs sporocystes une fois sporulées.
Figure 2 : kyste de coccidie non sporulé et œuf de Capillaria sp. observés au microscope (400x) lors d’une flottaison fécale de poule (Photo : S. Larrat).
Les œufs de nématodes sont de taille supérieure, et possèdent une paroi plus épaisse. Dans certains cas une larve peut-être visible à l'intérieur de l'œuf. Les œufs de Capillaria sp. possèdent deux bouchons polaires bien visibles (figure 2), et sont le plus souvent légèrement asymétriques.
Il est cliniquement pertinent de les différencier des œufs de Syngamus trachea, un nématode trachéal les oiseaux.
En effet, utiliser un antiparasitaire sur un oiseau très fortement infesté de Syngamus trachea risque de faire tomber les nématodes morts dans les bronches et de causer une bronchopneumonie.
En cas d'infestation trachéale majeure, l'utilisation d'antiparasitaires doit donc être prudente. Les œufs de Syngamus trachea, sont eux aussi bi-operculés, avec des opercules un peu moins marqués que les œufs de Capillaria sp., une paroi un peu plus fine, et un espace entre la paroi et l'embryon (Figure 3).
Une faible infestation ne représente pas une contre-indication à l'utilisation d'antiparasitaire.
Figure 3 : œuf de Syngamus sp. issu de flottaison fécale de corvidé sauvage (CC-BY 4.0 Tom Pennicott https://doi.org/10.7488/ds/1509)
Chez des poules qui vivent en extérieur, il est normal de trouver un certain fond de parasitisme. Viser le zéro infestation n'est ni réaliste ni souhaitable chez les animaux avec un mode de vie "libre". Les animaux adultes exposés à une quantité modérée de parasites sont en mesure de développer une immunité limitant l’impact clinique de leur infestation. Des poules adultes ne présentant ni amaigrissement, ni diarrhée, ni signes respiratoires n'ont pas nécessairement besoin de traitement antiparasitaire.
La situation est différente si les propriétaires souhaitent élever des poussins. En effet, une charge parasitaire asymptomatique chez les adultes peut être une source problématique pour les poussins et engendrer des signes cliniques voire des mortalités.
La priorité doit alors être mise sur l'hygiène du poulailler, et des mesures de biosécurité pour limiter le recyclage parasitaire dans l'élevage. Il faut adapter la zone d'élevage des jeunes pour limiter les contaminations fécales par les adultes, ainsi que l'accès aux vers de terre qui peuvent être hôtes intermédiaires des nématodes (S. trachea, H. gallinarum).
En complément de ces mesures, un traitement des parasitoses des adultes peut être envisagé.
Chez les jeunes comme chez les adultes, la présence d'amaigrissement, de signes digestifs, ou de signes respiratoires concomitants à une parasitose marquée justifient un traitement. Il faut toutefois garder en tête qu'il existe un diagnostic différentiel incluant des maladies bactériennes ou virales par exemple.
D’une manière générale, les helminthes peuvent être traités par du lévamisole, du flubendazole ou du fenbendazole. Les coccidies peuvent être traitées par des sulfamides ou du toltrazuril. Attention toutefois pour les poules qui pondent : la réglementation nous impose de privilégier les médicaments disposant d’une autorisation de mise sur le marché pour les poules pondeuses. Pour optimiser la compliance au traitement et aux recommandations, il est aussi préférable de choisir un médicament avec un temps d’attente de zéro jour.
A l’issue du traitement, il est souhaitable de répéter l’examen fécal pour évaluer son efficacité. La persistance de parasites peut être associée à un problème d’administration du médicament ou au développement de résistance. Un échec de traitement avéré nécessite une déclaration en pharmacovigilance d’une part et une réévaluation du traitement d’autre part.
Article à lire sur le site VetoNAC Online