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Temps de lecture : 4 minutes

Comment prévenir le parasitisme digestif chez la poule de compagnie ? [Conseils aux propriétaires]

Dr Graham Zoller
Clinicien de l'Unité des Nouveaux Animaux de Compagnie CHV OnlyVet - 69 Saint-Priest

Les parasites digestifs sont fréquents chez les poules de compagnie et leur présence en petit nombre ne représente généralement pas un problème. En revanche, une infestation massive peut être associée au développement de maladies. Le contrôle du parasitisme digestif est indispensable pour maintenir les poules de compagnie en bonne santé.

Les poules de compagnie sont le plus souvent élevées dans un système extensif en basse-cour ou dans un système semi-intensif en parc. Dans les deux cas, la pression parasitaire est forte car les poules interagissent quotidiennement avec l’environnement extérieur. Les poules de compagnie sont ainsi exposées à de nombreux parasites digestifs dont la prévalence varie suivant la région, le climat, et la saison.

L’éradication totale des parasites gastro-intestinaux est donc difficile et l’objectif de la stratégie de prévention parasitaire est de maintenir la pression parasitaire aussi faible que possible pour éviter le développement de maladies.

 

Mesures de prévention du parasitisme chez les poules d’agrément

La diminution de la concentration des parasites dans l’environnement peut être obtenue en associant des mesures de prophylaxie environnementale et médicale. Ces deux approches sont complémentaires et indissociables. La mise en place d’une stratégie de prévention parasitaire devra être adaptée aux parasites présents. La réalisation d’examens parasitologiques tous les 3 à 6 mois sera recommandée pour surveiller la charge parasitaire et ajuster les mesures préventives.

 

Administrer des antiparasitaires de façon raisonnée

Le traitement de l’ensemble du groupe avec le même produit, de façon récurrente est généralement apprécié par les propriétaires.

Malheureusement, cette approchpoulee tend à limiter la mise en place des mesures prophylactiques environnementales et implique une fréquence d’administration d’antiparasitaire plus élevée. Cela augmente la pression de sélection sur les populations parasitaires et favorise le développement des résistances.

En pratique, l’utilisation d’antiparasitaires devrait cibler les parasites gastro-intestinaux présents et être réservée pour un usage ponctuel, dans les situations où le parasitisme est associé à l’apparition de signes cliniques ou à une charge gastro-intestinale importante.

 


 

Composer un groupe d’oiseaux résistants

La composition de la basse-cour joue un rôle déterminant dans la gestion du parasitisme. Plusieurs recommandations peuvent être émises pour limiter le développement de maladies parasitaires :

  1. Le nombre d’oiseaux devrait être adapté à l’espace disponible,
  2. Les oiseaux devraient être regroupés par espèce et par âge,
  3. L’introduction de nouveaux oiseaux devrait se faire après une période de quarantaine,
  4. Les sources de stress devraient être limitées,
  5. Les oiseaux malades devraient être isolés.

 

Maintenir une hygiène satisfaisante du poulailler

L’hygiène du poulailler vise à rendre l’environnementpoules poulailler impropre à la survie des parasites et à éliminer mécaniquement les parasites accumulés dans la litière et sur les accessoires.

En pratique, la litière devrait être changée au moins une fois par semaine. Il est recommandé de nettoyer (eau sous-pression) puis de désinfecter l’environnement (eau de javel diluée au 1/10ème) lors du changement de litière. Le sol devrait être aussi sec que possible et un système de drainage efficace devra être mis en place. Les mangeoires et les abreuvoirs devraient être nettoyés quotidiennement et disposés de sorte à limiter la contamination fécale.


 

Adapter les parcours extérieurs

Les œufs et les larves de parasites se dessèchent rapidement lorsqu’ils sont exposés à l’air et à la lumière du soleil. Ainsi la rotation des parcours extérieurs, associée à la tonte et au labour du sol des anciens parcours permet d’exposer les vers, les larves et les œufs de parasites à la lumière du soleil et de réduire la charge parasitaire. Les terrains devraient être laissés vacants pendant un an afin de réduire significativement la pression parasitaire. Par ailleurs les poules devraient être autorisées à accéder à des terrains bien drainés et sans flaque.

 

Limiter les contacts avec la faune sauvage

Les animaux sauvages peuvent contaminer les sols en excrétant des parasites ou bien jouer le rôle d’hôte intermédiaire. Plusieurs recommandations peuvent être émises pour limiter les contacts :

  1. Placer les mangeoires et les abreuvoirs à l’intérieur du poulailler.
  2. Proscrire l’utilisation de mangeoires et de nids pour les oiseaux sauvages,
  3. Entreposer les stocks d’aliments et de litière à l’abri de toute contamination,
  4. Interdire l’accès aux points d’eau stagnante et aux sols récemment labourés,
  5. Contrôler la présence des insectes en maintenant le poulailler dans des conditions hygiéniques et en utilisant des dispositifs de lutte spécifique (moustiquaires, papier tue-mouche).

 

Fournir une alimentation adaptée

Des carences en vitamine A et en vitamines du complexe B augmentent la sensibilité des poules au parasitisme. De plus il a été suggéré que des taux de protéines supérieurs à 14-16% pourraient favoriser l’établissement de certains nématodes dans les intestins. L’apport d’un aliment adapté à l’espèce, à l’âge et au stade de production est recommandé pour prévenir le développement de parasites digestifs.

 

Conclusion

Les poules de compagnie sont nécessairement exposées aux parasites et la prévention repose en premier lieu sur une surveillance régulière du niveau d’infestation. La maîtrise du parasitisme reposera en premier lieu sur la mise en place de mesures environnementales permettant de briser le cycle de contamination féco-oral. Dans les cas d’infestation sévère ou de signes cliniques, un ajustement de ces mesures et la mise en place d’un traitement médicamenteux spécifiquement adapté aux parasites rencontrés pourra être considéré.

 

Mode d’élevage et pression parasitaire

  poule exterieur

En France, l’adoption de poules de compagnie est motivée dans 93.3% des cas par la consommation des œufs. A ce titre 78.4% des détenteurs de poules de compagnie possèdent uniquement des poules pondeuses et la taille médiane du groupe est de 5 oiseaux.2

Les poules de compagnie sont le plus souvent élevées dans un système extensif en bassecour ou dans un système semi-intensif en parc. Dans le système extensif en basse-cour les volailles sont logées dans un poulailler la nuit et sont libres de vagabonder à l’extérieur la journée tandis que dans le système semi-intensif en parc, les oiseaux sont gardés dans un parcours extérieur clôturé pendant la journée et logés dans un poulailler fermé la nuit.3

Dans les deux cas, les poules de compagnie sont exposées à un environnement extérieur qui représente une source de contamination parasitaire. En effet, les poules peuvent être au contact de parasites excrétés par les animaux de la faune sauvage ; certains parasites peuvent persister pendant des années sur les terrains contaminés et les poules peuvent ingérer de nombreux invertébrés jouant le rôle d’hôtes intermédiaires.

Cette exposition est confirmée par une étude française portant sur les verminoses digestives chez les poules pondeuses en élevage « bio ». Cette étude révèle que 88% des lots étaient porteurs de nématodes (principalement Ascaridia galli et Heterakis gallinarum et dans une moindre mesure Capillaria obsignata, C. anatis et C. caudinflata). De plus, 50% des lots étaient également porteurs de cestodes (principalement Raillietina cesticillus, et dans une moindre mesure Davainea proglottina et Chonaotaenia infundibulum).Outre les vers déjà mentionnés, les poules sont également sensibles à de nombreux autres parasites digestifs incluant des protozoaires (Trichomonas gallinae, Histomonas meleagridis, Giardia spp.), des coccidies (Eimeria spp., en particulier E. acervulina, E. maxima et E. tenella, Cryptosporidium baileyi) et des trématodes (Echinostoma revolutum, Prosthogonimus ovatus). La prévalence de ces parasites dans l’environnement dépend de la région, du climat, de la gestion du groupe et de la saison.