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Entretien des volailles pendant la mue d’automne

Dr Alexis Kiers
Fondateur de Dr Bassecour. Docteur vétérinaire, diplômé en 2005 de l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse (France)

Un temps plus froid et des jours qui raccourcissent signifient que la mue annuelle des volailles arrive. C’est un processus naturel qui permet de renouveler le plumage et le système reproducteur.


Toutes les poules en bonne santé de plus de 1 an sont susceptibles de commencer leur mue dès fin août – début septembre, lorsqu’elles perçoivent le raccourcissement des jours. Cette manifestation annuelle, que l’on appelle aussi mue post-nuptiale pour la distinguer des autres mues, est souvent accompagnée d’un chamboulement physiologique et d’un arrêt de la ponte plus ou moins long. Nous vous apportons quelques conseils pour aider les volailles à réussir leur mue après la saison de ponte.
 

Le phénomène de mue

La  mue  est  un  phénomène physiologique  naturel  de  renouvellement  du  plumage  chez  les  oiseaux. Elle s’accompagne, chez les poules en production, d’un arrêt de ponte. Elle  peut  être  naturelle  (effet  saison) après  la  période  de  reproduction  et  la période  d’incubation  qui  précède  la migration  pour  les  oiseaux  sauvages. Elle est parfois provoquée dans les élevages professionnels. Mise a part la mue partielle de couvaison, la chute d'une plume est provoquée par la pousse de la suivante.
 

Mues naturelles

Un oiseau mue naturellement plusieurs fois au cours de sa vie. Au cours de la croissance, deux mues se succèdent (mues pré-juvénile et pré-basique) avant que n'existe le plumage définitif, dit plumage de base. Beaucoup d’espèces d’oiseaux muent deux fois par an à l’age adulte. La mue pré-nuptiale de printemps, souvent partielle, introduit le plumage de reproduction ou plumage alternatif. La mue post-nuptiale, complète, restaure le plumage de base à l'automne. Ces deux mues ont lieu hors période de reproduction. (1)

Chez la poule domestique exposée à la lumière naturelle, seule la mue post-nuptiale intervient une fois par an, en général à l’automne mais parfois au printemps, en fonction de la date de début de ponte. Au cours de cette mue, les différentes régions du corps perdent leurs plumes selon l'ordre constant suivant : tête, cou, poitrine, dos, ventre, ailes et queue. Lorsque la mue atteint les rémiges des ailes, la mue est déjà très engagée. Le changement complet des rémiges primaires peut durer jusqu’à 16 semaines. Les rémiges primaires tombent successivement et dans l’ordre en partant de la plume axiale au rythme de une par semaine ; et il faut six semaines pour remplacer totalement une rémige par une nouvelle. L'examen des rémiges primaires offre la possibilité de déterminer quand la mue a démarré et quand elle se terminera. Dans la nature, toutes les poules pondeuses ne muent pas en même temps, mais avec un décalage de  quelques  jours  ou  de  quelques  semaines.  En cas de mue naturelle, l’arrêt  de  la  ponte  dure  au moins 3 semaines.
 

Les bonnes pondeuses muent plus vite

La vitesse de mue est liée à l'intensité de ponte. Ainsi une bonne pondeuse mue tardivement et perd 2,3, voire 4 plumes en même temps, ce qui accélère énormément  le processus global de mue. La repousse des plumes se fait au même rythme que la chute. Une poule bonne pondeuse mue plus rapidement qu’une poule mauvaise pondeuse. Ainsi, voir une poule perdre plus qu’une rémige en même temps permet de deviner que cette poule est une bonne pondeuse.

 

Mue partielle de stress

En cas de maladie ou de stress, les poules peuvent perdre les plumes de la tête et du cou. Dans les cas plus sévères, un arrêt de ponte limité peut survenir et se traduire par la perte de quelques rémiges. Et il faut attendre leur repousse avant que le poule ne se remette à pondre. En fin de ponte, la mue normale reprend au stade où s'est arrêtée la mue partielle (exemple la rémige n°V, si quatre ont été renouvelées par la mue partielle), et elle se poursuit dans l'ordre habituel et se termine par les rémiges déjà renouvelées (n° I, II, III et IV dans notre exemple). L'interprétation d'un examen d'aile est alors plus difficile.
 

Mue partielle de couvaison

Le développement de plaques incubatrices sur la poitrine a été particulièrement étudié chez les oiseaux sauvages. Mais il existe aussi chez la poule, la caille, la dinde ou la cane. Il s’agit d’une mue spéciale et non de l’arrachage des plumes, même si chez le canard, le mâle contribue à arracher les plumes de la femelle. Cette mue de couvaison apparaît par étape :

1) Déplumement partiel de la paroi abdominale ;

2) Développement de la vascularisation dermique, de l’épaississement de la peau et disparition des papilles des plumes ;

3) Apparition d’un œdème et disparitions des  muscles dermiques. Cette phase qui permet un meilleur échange thermique entre la mère et les œufs dure pendant toute l'incubation et le début de l'élevage des jeunes ;

4) Phase de régression de l'oedème et de la vascularisation. Le ré-emplumement a lieu pendant la mue post-nuptiale.
 

Mues provoquées

Les mues sont parfois déclenchées dans les élevages professionnels en fin  d’année de production, afin de pouvoir bénéficier d’un deuxième cycle de ponte avec des performances et une qualité des œufs restaurées. Le processus est identique à celui de la mue naturelle. La seule différence est que l’éleveur s’organise pour que toutes les poules démarrent leur mue en même temps. De cette façon, la mue  est induite en même temps que l'arrêt de la ponte. 
 

 

Système neuro-hormonal à l’origine de la mue naturelle et chamboulement physiologique

Le changement du cycle circadien à l’automne, la diminution de la durée des jours, est la première cause environnementale qui induit la mue des oiseaux (1). La diminution de la photopériode induit des changements contrôlés par les systèmes endocrinien et nerveux, lesquels initient des changements physiologiques responsables du renouvellent du plumage et de l’appareil reproducteur (1). Cela permet aux poules de démarrer un nouveau cycle de production d’œufs. Une fois la mue terminée et l’équilibre hormonal restauré, la prochaine phase de ponte commence. En moyenne, une poule possède entre 7 500 et 9 000 plumes constituées à 80-85 % de protéines. Pendant la mue, remplacer les plumes demande une grande débauche d’énergie et de nutriments et il n’y a donc pas assez d’énergie pour produire des plumes et des œufs, d’autant plus que pendant cette période, les oiseaux mangent moins.

 

Soins et supplémentation des volailles pendant la mue et la reprise de la ponte


Supplémentation nutritionnelle

La mue est une période difficile qui fatigue énormément les oiseaux. Cependant, il n ‘est pas nécessaire de changer le régime alimentaire car c’est toujours une source de stress. Les volailles de bassecour sont capables de s’autogérer selon leurs besoins du moment, si la ration de base est bien équilibrée en protéines, acides aminés, vitamines, minéraux  et oligoéléments. Par exemple, une ration complète pour poule pondeuse avec 17 % de protéines brutes fait l’affaire, à condition de ne pas diluer le pourcentage protéique en donnant en même temps des graines et déchets de tables (maximum 10%). Dans les autres cas, il est possible de faire des cures de vitamines du groupe B, d’acides aminés soufrés (lysine, méthionine) >VITAVIA® et d’oligo-éléments >BIOCALPHOS® pour aider à une bonne repousse de la plume pendant la période de mue. Il est judicieux de profiter de cette période pour faire des rappels de vaccins et des traitements antiparasitaires internes et externes, la poule ne pondant plus à ce moment-là.  Dès que les plumes ont repoussé, l’alimentation normale peut reprendre.
 

Eviter le stress et contrôler l’agressivité des oiseaux

La mue est un processus naturellement stressant et les oiseaux doivent être manipulés au minimum. Il faut limiter les phénomènes de concurrence qui pourraient accentuer le stress. L’ajout de nouveaux oiseaux, qui chamboule l’ordre hiérarchique, devrait être évité pendant cette période. Enfin, la mue faisant apparaître des follicules plumeux tendres, remplis de sang et qui peuvent devenir la cible des oiseaux les plus agressifs, il serait judicieux de les séparer du reste du lot si possible.
 

La reprise de la ponte dépend de la lumière, de la race et de l’alimentation

Les poules recommencent à produire des œufs après la repousse des plumes. La reprise de la ponte sera stimulée naturellement lorsque les jours augmenteront, mais elle dépend aussi de la race. Les races lourdes connues pour être de bonnes pondeuses d'hiver, comme les Faverolles et les Sussex, redémarrent la ponte assez tôt en décembre. Les races naines genre Chabo et poule soie reprennent la ponte au printemps. Les poules de race mixte à ponte moyenne, comme les Marans, ne reprennent la ponte vraiment qu'à partir de février de manière progressive. Les poulettes de l’année, qui sont nées tôt au printemps et qui commencent à pondre dès octobre / novembre, ne s’arrêtent pas de pondre et continuent en général tout l’hiver. Pour redémarrer la ponte de façon plus artificielle, il faudrait éclairer les poules 16h par jour. Quelques jours avant que les poules ne recommencent à pondre, il ne faut pas oublier de soutenir la fabrication de la coquille en apportant du calcium et du magnésium >BIOCALPHOS® et de la vitamine D3 >VITAVIA®.

La coquille d’un œuf de poule contient 2,3g de calcium. La poule utilise le calcium sanguin et le calcium osseux pour fabriquer la coquille, car elle n’est pas capable de métaboliser le calcium alimentaire assez rapidement. L’os a donc un rôle de réserve mobilisable de calcium qui est sans cesse ajouté et enlevé. L’absorption du calcium par les intestins est permise par la vitamine D3. Le magnésium est également essentiel dans le métabolisme du calcium car les deux cations sont interdépendants dans le transport cellulaire. Il est important de fournir tous les jours aux volailles en ponte, en plus de l’aliment, du calcaire sous forme de larges particules (>3,2 mm) de grit ou de coquille d’huitres broyées.

Information sur l’auteur :


Alexis Kiers est docteur vétérinaire et a consacré la majeure partie de sa carrière à la médecine des volailles. En 2021, il crée Dr Bassecour vétérinaire, un service de conseil et de médecine vétérinaire dédiés aux petits élevages de volailles. 
 

(1) Sauveur, Bernard, and Michel De Reviers. Reproduction Des Volailles et Production d’œufs. INRA, 1988.

(2) Travel, Angelique, Yves Nys, and Estelle Lopes. “Facteurs physiologiques et environnementaux influençant la production et la qualité de l’œuf.” INRA Productions Animales 2 (23), 155-166. (2010), 2010. http://prodinra.inra.fr/record/38183.