En effet, la maladie parodontale, maladie très fréquemment rencontrée en consultation chez le chien mais aussi chez le chat, de par sa composante inflammatoire mais aussi de par la possibilité d’émission d’emboles septiques dans la circulation sanguine, peut avoir des conséquences sur de nombreux organes comme les reins, le foie et parfois même le cœur ou encore sur l’axe corticosurrénalien.
De même, la sévérité des lésions rencontrée, lors d’une stomatite chez le chat ou le chien, est à l’origine d’un inconfort tel que ces animaux peuvent très vite devenir anorexiques. Ceci a donc pour effet d’assombrir d’autant le tableau clinique et parfois de facto le pronostic de la prise en charge lorsque la pathologie évolue depuis longtemps.
Fracture de l'os mandibulaire suite à une alvéolyse terminale lors d'une maladie parodontale de stade IV chez un chien
Lésions de résorption dentaire sur canine mandibulaire de chat
Il est donc indispensable de réaliser un examen buccal aussi précis que possible lors de chaque consultation. Cet examen pratiqué en routine est à la portée de tous.
Tout d’abord cet examen permettra de vérifier la bonne santé de la sphère buccale, de rechercher la présence d’éventuelles anomalies comme la présence de fractures dentaires, le changement de coloration des dents, la persistance de dents lactéales chez les chiots et aussi plus rarement chez les chatons au-delà de 7 mois (à l’origine de malocclusion ou d’encombrement dentaire) ou la présence de lésions au niveau de la gencive ou de la muqueuse buccale.
Pour identifier de façon plus précise ces lésions, un examen plus approfondi sous anesthésie pourra être nécessaire, pour réaliser notamment le sondage des poches parodontales, pour examiner la surface des dents à l’aide d’une sonde d’examen et enfin pour réaliser des radios dentaires rétroalvéolaires.
Tous ces éléments permettent de déboucher sur une prise en charge plus précoce de nombreuses pathologies, évitant des situations critiques lors de mises en évidence trop tardives. Cet examen peut être réalisé à la suite du détartrage, point de départ indispensable pour réaliser un examen bucco-dentaire complet.
Témoignage Dr Thibault Héricher
Virbac : Dr Héricher, parlez-nous de la mise en place du service de dentisterie dans votre clinique.
Dr T. Héricher : Ayant une femme chirurgien-dentiste, je me suis très vite intéressé à la discipline de la dentisterie vétérinaire dès la sortie de l’école de Maisons-Alfort en 2002. Pour compléter ma formation initiale en dentisterie, j’ai suivi les formations dispensées par le GEROS. La connaissance de la pathologie bucco-dentaire et la pleine maîtrise des techniques de dentisterie sont indispensables pour assurer une bonne prise en charge et une cicatrisation optimale garante de la bonne récupération des animaux ainsi que pour maintenir sur le long terme une bonne hygiène bucco-dentaire. Mais la recherche de l’adhésion de la part du propriétaire est primordiale dans cette gestion.
Je réalise depuis plus de 10 ans des bilans dentaires ainsi que des actes de stomatologie sur chat et chien pour les clients de ma clinique mais aussi à la demande de confrères, notamment pour aider à gérer les situations chroniques que sont les stomatites félines ou canines ou la maladie parodontale chez le chien ou bien accidentelles comme les fractures dentaires (croc notamment).
À ce jour, j’ai pris en charge plus de 500 chiens et 300 chats pour toutes sortes de problèmes dentaires ou buccaux. Le nombre de cas pris en charge est en constante évolution, avec une croissance d’environ 10 à 20 % par an et avec une nette augmentation de la prise en charge des chats ces dernières années, ce qui confirme bien l’importance que prend le chat dans notre activité actuellement.
L’investissement initial pour les formations, pour l’apprentissage de la technique et financièrement avec l’achat du matériel (unit dentaire, compresseur, radio numérique, matériel chirurgical,....) peut paraître très important. Mais le retour sur investissement est relativement rapide que ce soit financièrement pour la clinique avec le développement d’un service qui n’existait pas auparavant mais aussi humainement avec des clients qui sont reconnaissants de la prise en charge de leurs animaux pour gérer au mieux la douleur présente.
La clé du succès du développement d’un service de dentisterie au sein des cliniques, réside avant toute chose dans la communication. En faisant comprendre le plus tôt possible que la prise en charge de pathologies buccales passe en premier lieu par la mise en place de l’hygiène chez les jeunes animaux et d’expliquer ce que sont les maladies buccodentaires et en quoi consiste leur prise en charge sans tabou.
De ce fait, la prescription de bilans ou la vente de produits ne seront que plus évidentes pour les propriétaires et pour tous les membres de l’équipe soignante.
Le plus important est surtout de sensibiliser les propriétaires de chats et de chiens le plus tôt possible à l’existence de pathologies buccales qui peuvent être prévenues grâce à la mise en place de l’hygiène bucco-dentaire.
L’implication de tous les membres de l’équipe soignante est primordiale dans cette éducation, notamment pour répondre aux questions des propriétaires mais aussi pour alerter sur les pathologies et insister sur la prévention.
Par contre, il est impossible de pouvoir avancer dans le diagnostic de pathologies dentaires sans avoir recours à un examen radiographique, pilier central du diagnostic dont l’apprentissage n’est pas toujours simple.
C’est pourquoi, il existe des formations post universitaires qui sont proposées par de nombreux organismes français et européens dont l’AFVAC, par l’intermédiaire de son bureau dédié le GEROS, pour approfondir ses connaissances et sa pratique dans le domaine de la dentisterie.
Cet apprentissage peut paraître assez long et fastidieux mais il est indispensable pour avoir une pleine maîtrise du sujet.
Il est vrai que le manque de temps peut être responsable du faible développement de la dentisterie dans les cliniques. Mais il ne faut pas perdre de vue que ce secteur est en plein développement et que les propriétaires d’animaux commencent à s’y intéresser sérieusement.