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Abcès buccaux chez les perroquets (Dr Jean-Pierre André)

Dr Jean-Pierre André

Fréquemment rencontrés chez les perroquets (Gabonais en particulier), les abcès buccaux vont souvent de pair avec les atteintes infectieuses des premières voies respiratoires.

Etiologie

Oiseau recevant, en général, un régime uniforme et déséquilibré, composé pour l'essentiel de graines, et plus particulièrement de tournesol et de cacahuètes (plus de 50% de lipides !). Consommation quasi nulle de verdure et de fruits. Aucun apport régulier de vitamines et d'acides aminés essentiels. Il en résulte une carence grave en vitamine A. Cette avitaminose est alors responsable d'une hyperplasie des glandes à mucus disséminées dans la cavité buccale (en particulier sur le bord des choanes) et des glandes salivaires (intra-linguale et, à hauteur du pharynx, sous maxillaires). Sur ce terrain affaibli, viennent s'installer des germes (Alcaligenes faecalis - Corynebacterium - Escherichia coli - Haemophilus parainfluenza - Klebsiella oxytoca - Moraxella - Pasteurella - Proteus mirabilis - Pseudomonas aeruginosa - Serratia marcescens - Staphylococcus - Streptococcus...) mais aussi des champignons (Aspergillus essentiellement).

 

Symptômes

Oiseau abattu, montrant peu d'appétit et éprouvant de plus en plus de gêne pour manger. Il mobilise souvent la langue, comme pour se débarrasser de quelque chose de gênant. On note habituellement la présence concomitante d'un coryza et / ou d'une sinusite.

 

Prophylaxie

Régime alimentaire adéquat, adapté à la vie en captivité (impossibilité du choix de la nourriture, manque souvent total d'exercice). Apport régulier, hebdomadaire, d'un complexe vitamines, acides aminés essentiels (PERROTONIC). 

 

Gestion

Il est indispensable de pratiquer une anesthésie générale pour effectuer un examen satisfaisant de la cavité buccale.

On découvre alors des petites masses blanc-jaunâtre, assez fermes, faisant saillie sous la muqueuse linguale (en l'absence d'anesthésie, on ne peut les apercevoir que de façon fugace).

Souvent, l'émergence des canaux salivaires (située au centre des renflements de la base de la langue encerclant la glotte) est impliquée dans ce processus. De même, au niveau du palais, de part et d'autre des choanes, des dépôts purulents déforment les tissus.

Assez souvent, en pressant fermement la langue, on fait jaillir de petits “comédons” purulents. Cependant, c'est au niveau de la glande sous-maxillaire que l'on rencontre le plus fréquemment des abcès. A ce niveau, la masse purulente peut, parfois, prendre une taille impressionnante (il arrive de voir la langue quasiment plaquée au palais par une énorme masse de pus sous-glossienne).

Il est nécessaire d'entreprendre le curetage de tous les granulomes. Il est parfois difficile de vidanger la totalité de la masse purulente, le pus s'insinuant souvent très profondément (rappelons ici que le pus est semi-solide chez les oiseaux). L'intervention nécessite souvent d'être répétée à quelques jours d'intervalle. En ce qui concerne les abcès sous-mandibulaires, il faut, après incision cutanée et abord de la masse purulente, énucléer celle-ci. Ne pas suturer la plaie : plusieurs curetages successifs peuvent être indispensables (l'abcès se reconstituant facilement à partir d'un petit fragment laissé sur place). Par la suite, la plaie se referme spontanément. En fonction des données de l'antibiogramme, on peut administrer un antibiotique à large spectre, per os ou en injectable, pendant 7 à 10 jours. Il faut impérativement fournir des vitamines (PERROTONIC). Dans la mesure du possible, il est important de réaliser une bactériologie et un antibiogramme à partir d'un échantillonnage des lésions.