Et si la castration chirurgicale, forcément irréversible, n'était pas toujours la bonne solution ? Chaque praticien sait que la castration ne modifie pas toujours le comportement du chien dans le sens souhaité et plusieurs publications indiquent qu'elle pourrait parfois avoir des effets délétères sur la santé du chien, surtout dans certaines races3,4. Pour éviter que le propriétaire ne soit ultérieurement décu, il est donc recommandé de prendre le temps de discuter de ses motivations et des conséquences potentielles de l'opération.
Même si le taux de castration évolue à la hausse dans la population canine française, le caractère irréversible de la castration inquiète 70 % des propriétaires de chiens5 et nombreux sont ceux qui sont opposés à ce qu'ils considèrent comme une mutilation.
Les nouvelles attentes des propriétaires
Parmi les principales raisons invoquées pour refuser la castration d'un chien, il y a l'envie de maintenir la fonction reproductrice intacte (17% des réponses), le fait que ce n'est pas "naturel" (13%) et la peur d'infligeer une douleur au chien (11%)5.
Parmi les propriétaires confrontés à des comportements problématiques chez leurs chiens mais qui sont opposés à la castration chirurgicale, 60% déclarent qi'oms ne changeraient pas d'avis, même si la castration pouvait résoudre les problèmes5. Les vétériinaires doivent donc pouvoir proposer des solutions alternatives à la chirurgie.
Evolution sociétale
Il est probable que l'attitude des propriétaires vis-à-vis de ce qui touche à l'intégrité de leur chien va continuer à évoluer. Qui sait si la castration chirurgicale "de convenance" ne sera pas un jour considérée comme la coupe des oreilles et de la queue des chiens, c'est-à-dire comme une opération barbare ? Certains n'hésitent d'ailleurs pas à affirmer que "toute intervention réalisée sur un animal pour la convenance d'un humain ne peut qu'altérer le bien-être de l'animal"6.
Depuis 2015, le code civil a été harmonisé avec le code rural et les animaux domestiques sont heureusement reconnus comme des êtres vivants doués de sensibilité. Les débats autour du bien-être animal prennent de plus en plus de place dans notre société et le terme de bientraitance est aussi apparu : il désigne les actions humaines positives envers les animaux, qui sont un préalable indispensable à leur bien-être7.
Dans ce contexte, il est souhaitable que la décision de castrer chirurgicalement un chien soit raisonnée au cas par cas8. Les vétérinaires comme les propriétaires doivent être conscients que, si cette opération peut apporter un bénéfice au propriétaire, elle peut aussi affecter la physiologie, la santé et le comportement social des chiens, tous ces facteurs étant intimement liés au bien-être de l’animal. Les effets potentiellement négatifs à long terme de la castration des chiens mâles sont d’ailleurs de mieux en mieux documentés3,4.
La castration d’un chien mâle peut être envisagée par exemple pour inhiber le comportement sexuel ou le marquage urinaire. En revanche, cette opération ne constitue pas la panacée pour les autres comportements indésirables. Dans 40 % des cas, ces comportements ne sont pas hormonodépendants et ne régressent donc pas après la castration9.
Altération de l’équilibre émotionnel ?
La castration pourrait altérer certains comportements sociaux et augmenter l'instabilité émotionnelle. Les agressions par peur pourraient faire partie des troubles qui tendent à perdurer après la castration ; en revanche, les comportements de peur semblent moins importants lors de castration tardive, quand l’influence hormonale a été plus longue10.
Les chiens mâles stérilisés précocement (avant 6 mois) seraient plus excitables, présenteraient davantage de phobies aux bruits et aboieraient plus volontiers excessivement lors de visites d’inconnus que les chiens entiers11.
Résultats mitigés quant à l’agressivité
Une méta-analyse semble indiquer que les risques d’agression interspécifiques (du chien à l’homme) sont nettement diminués chez les chiens castrés12 mais une aggravation du comportement agressif est parfois observée. Il en est de même pour l’agressivité intraspécifique : la castration améliore généralement le comportement mais des cas d’aggravation sont également mentionnés12.
L’interprétation des études comportementales reste cependant difficile parce que la castration peut justement être conseillée en raison de l’existence de troubles particuliers.
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