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Programme d'amaigrissement : quelles sont les bonnes pratiques ?

Dr Maud Clavel
Docteur vétérinaire, Consultante en nutrition

La gestion de l’obésité est multimodale, complexe et différente chez le chien et le chat. Comme toute maladie, son diagnostic découle d’une consultation de médecine vétérinaire. La prise en charge de l’animal doit être multimodale : la nutrition est indispensable.

Afin de bien prendre en charge le surpoids ou l’obésité de l’animal, l’objectif premier est d’en avoir conscience. Lors de la consultation de médecine vétérinaire, l’évaluation nutritionnelle est primordiale : cette évaluation met propriétaire et équipe soignante d’accord. 

L’évaluation nutritionnelle 

L’évaluation nutritionnelle fait partie des cinq signes vitaux décrits par la WSAVA. Partie intégrante de la consultation de médecine vétérinaire, elle se décompose en trois parties : 

  • La pesée, sur une balance adaptée à la taille du patient. Pensez à vérifier l’exactitude de la valeur en comparant avec les autres balances de la clinique vétérinaire.
  • Le poids optimal est scoré 5/9 : la note d’état corporel correspond à l’évaluation de la masse grasse. Enfin, à partir d’une palpation des côtes, de la taille et de la répartition de la masse grasse sur l’ensemble du corps, vous évaluerez l’état d’embonpoint. 

Afin de faire prendre conscience le propriétaire, faites le participer ! 
Dans le cas de l’échelle constituée en 9 points, chaque point correspond  à la définition d'un surplus de masse graisseuse de 10 %. Un animal ayant une note de 7/9 à 20 % de masse graisseuse signifie la définition de l’obésité. N’oubliez pas d’évaluer la masse maigre : notée de 1 à 4, elle reflète l’état protéique de l’animal.

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L’amaigrissement 

Lorsque le diagnostic est établi, un programme d’amaigrissement basé sur une prise en charge nutritionnelle est indispensable pour prendre en charge le surpoids. 

L’animal en surpoids a un besoin énergétique faible, mais les besoins en nutriments essentiels sont conservés : pour cela, la satiété doit être satisfaisante. En effet, diminuer la dose de l’aliment actuel pour diminuer l’ingéré énergétique n’est pas la solution : la couverture des besoins nutritionnels essentiels (protéines, acides gras essentiels) ne sera pas suffisante. Un aliment hypocalorique, riche en protéines, fibres et acides gras essentiels permettra ainsi de couvrir les besoins nutritionnels de l’animal en programme d’amaigrissement tout en conservant une quantité d’aliment suffisante.


Le suivi de l’animal

Un suivi régulier vous permettra de vous assurer que l’aliment recommandé adapté à votre patient. Il est essentiel d’impliquer les  assistantes vétérinaires dans ce suivi : ils établiront la courbe de poids et pourront vous alerter sur la perte de poids ou l’échec de la prise en charge, la perte de motivation du propriétaire. 

Ce suivi doit être régulier : une visite mensuelle est recommandée. Elle sera l’occasion de faire le point, de répondre aux difficultés rencontrées par les propriétaires et de faire le suivi sur la perte de poids. 

Dans un challenge de perte de poids, l’acteur principal reste le propriétaire qui a besoin d’être coaché. 
Nous mettons ainsi à disposition un guide* à destination des propriétaires qui leur permettra d’appréhender le sujet et de répondre à leurs interrogations sur le programme d’amaigrissement. 
 

Les conseils hygiéno-diététiques indispensables
 
La maîtrise des friandises 

Au-delà des repas, pensez à questionner sur les autres apports énergétiques : friandises, restes de table… les apports caloriques peuvent être nombreux. Il est possible d’autoriser des friandises en maîtrisant leur valeur nutritionnelle et en les distribuant avec parcimonie. Donner des croquettes en guise de friandises, déduites de la ration, n’est pas toujours évident pour le propriétaire qui les considère, à juste titre, comme un aliment. Il préfère parfois proposer des friandises industrielles, riches en énergie, lipides, glucides et sel, mais il doit changer ses habitudes et celles de la famille. Cela peut consister à stopper le quémandage au moment des repas en plaçant le chien dans une autre pièce. C’est impossible ?  Une solution consiste à tenir à disposition un bol de friandises autorisées : dés de fruits, de jambon, treats hypocaloriques…, au moment des repas, dans lequel chacun peut piocher.

Le comportement alimentaire

"Il a faim tout le temps". Satisfaire la satiété est un élément clé sans quoi le propriétaire risque de se démotiver. La satiété est couverte par un repas riche en protéines et en fibres. S’assurer que la ration est suffisamment volumineuse, par l’ajout additionnel de fibres (courgettes jusqu’à 100 g/ kg PV), peut aider à obtenir une meilleure satiété.
« Il mange trop vite, il revomit son repas ». L’étape buccale de la digestion est une phase importante : diminuer la vitesse d’ingestion permet d’optimiser la digestion du bol alimentaire. Comment faire ? Distribuer l’aliment par l’intermédiaire d’une gamelle anti-glouton par exemple.
« Il réclame tout le temps, parfois il m’attaque ». Il est indispensable d’éclairer le propriétaire sur les particularités comportementales du chat, afin de respecter sa nature carnivore, de prédateur. Le chat doit recevoir une quantité mesurée distribuée en libre-service. Il faut varier les points d’alimentation et faire preuve d’ingéniosité pour cacher l’aliment. Les sollicitations interprétées comme des quémandages alimentaires peuvent être simplement la recherche d’interactions sociales. Répondre de manière systématique à chacune d’elles par de la nourriture fait le lit de l’obésité.

La dépense énergétique

Chez le chien, l’augmentation de la dépense énergétique est le second levier d’action pour influer sur la balance énergétique. Il est donc indispensable de l’évaluer tout au long du programme d’amaigrissement et de proposer aux propriétaires différents moyens pour aider leur animal à bouger plus : balade, jeux, interactions… Cela nécessite leur implication. 
En ce qui concerne le chat, en particulier vivant en appartement, c’est plus délicat. La recherche de nourriture en de nombreux points l’incite à se déplacer plus. Un laser automatique, des souris connectées, sont autant d’objets qui motiveront le jeu. Attention à la frustration, le meilleur partenaire de jeu reste le propriétaire.

La prise en charge de l'anxiété

Le chat obèse est souvent un chat anxieux. S’il présente par ailleurs des épisodes de cystite idiopathique ou une alopécie extensive, le diagnostic est certain. La prise en charge de l’anxiété implique d’enrichir le milieu par des jeux, du mobilier, de la présence, une alimentation en libre-service. Si ce n’est pas suffisant, une consultation comportementale est recommandée pour évaluer et gérer cette anxiété dans sa globalité. 
C’est le rôle de l’équipe soignante de répondre à ses interrogations, de maintenir la motivation dans le suivi, d’expliquer les échecs et d’être force de proposition pour rebondir et atteindre l’objectif.