Selon les études, la GSCF concernerait 0,7 à 12 % de la population féline générale ; la vérité se situe sans doute au milieu. L’âge moyen des chats affectés est de 7 ans mais tous les chats adultes peuvent être touchés, même très jeunes.
La dysorexie (voire l’anorexie complète) est un signe clinique majeur de la GSCF car les chats sont très handicapés quand ils essaient de manger. Certains émettent des cris de douleur quand ils mangent, d’autres développent une véritable aversion envers la gamelle… Outre la perte de poids causée par la baisse de l’appétit, un ptyalisme, une halitose et un défaut de toilettage sont souvent présents.
Parodontite ou stomatite ?
Contrairement à la maladie parodontale où l’inflammation se limite aux gencives et au parodonte, la GSCF s’étend à d’autres muqueuses buccales, telles que les muqueuses labiale, jugale, buccale caudale…. Dans certains cas, l’inflammation peut toucher l’oropharynx ou la région sublinguale.
Si les lésions sont présentes en regard des arcades dentaires, on parlera de stomatite labiojugale (ou buccostomatite), tandis que si la muqueuse buccale caudale est touchée, il s’agit d’une stomatite caudale.
Une GSCF se définit aussi par sa chronicité : les chats atteints sont en général rebelles aux traitements médicaux (anti-inflammatoires, antibiotiques, analgésiques), qui ne donnent pas de résultats durables.
Scoring de la stomatite
Lors du diagnostic, il est très important de repérer toutes les muqueuses atteintes ainsi que l’étendue des surfaces touchées. Le chat a certes « la bouche rouge » mais il faut savoir être précis pour évaluer au mieux l’évolution de la maladie et pouvoir juger des traitements mis en œuvre.
Le scoring devra prendre en compte les surfaces des muqueuses labiojugale et caudale atteintes (de 0 à 100 %), l’index de saignement (de 1 : inflammation modérée sans saignement ; à 4 : inflammation très importante avec saignement spontané) et l’importance des ulcères linguaux (diamètre, intensité de l’inflammation). Suivant les cas, la GSCF prend en effet une forme ulcéreuse ou ulcéroproliférative.
La nature de l’inflammation présente dans la bouche du chat doit être précisée car, suivant son origine, le traitement sera différent.
La GSCF est complexe à gérer car elle est souvent associée avec la maladie parodontale, qui est d’ailleurs plus marquée chez les chats à GSCF que chez les autres : l’inflammation du parodonte causée par la plaque dentaire favorise la GSCF. L’inflammation chronique peut aussi être à l’origine de résorptions dentaires qui sont douloureuses.
La GSCF est un processus inflammatoire complexe, chronique et destructeur. Il touche l’épithélium et la lamina propria mais s’étend fréquemment aussi aux tissus sous-muqueux. L’étiopathogénie de cette affection n’est pas encore bien comprise.
Globalement, on constate un dysfonctionnement du système immunitaire buccal, qui entraîne des réactions exacerbées. Lors de GCSF, la réponse immunitaire à médiation cellulaire cytotoxique évoque une stimulation antigénique chronique, plutôt de type intracellulaire, pouvant correspondre à une infection virale.
Certaines cellules inflammatoires sont plus représentées que dans d’autres phénomènes inflammatoires. Les lymphocytes T CD8+ prédominent notamment sur les lymphocytes CD4+, ce qui est le signe d’un dérèglement immunitaire1. L’abondance des CD8 est corrélée avec la sévérité des lésions car ces cellules activent une cascade inflammatoire qui génère énormément de molécules cytotoxiques, d’où l’aspect très ulcéré de l’affection. Il y a surexpression de gènes codants pour des cytokines pro-inflammatoires.
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Pour de plus amples informations sur les traitements, nous vous invitons à visionner le replay de la webconférence sur la GSCF du Dr Boutoille.
Le traitement d’un chat atteint de GSCF est toujours difficile, d’autant plus que l’état des animaux peut fluctuer en fonction de nombreux paramètres. La guérison sera lente et l’évolution de l’état général du chat, de son poids, de l’aspect de son pelage et de son comportement doivent être observés attentivement tout au long du suivi.
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